Un versement hors norme bouscule un service de paie et enflamme l’opinion. Un employé voit arriver une somme qui dépasse tout entendement, puis tranche entre morale, droit et intérêt. Les faits surgissent, la pression monte et les versions s’opposent. Reste une question simple : que dit la justice lorsque l’erreur de paiement devient affaire publique ?
Erreur de paie, promesse de restitution, puis volte-face
Le 30 mai 2022, un assistant de répartition signale un virement anormal à sa hiérarchie. Selon emploi.lefigaro.fr, il parle de 165 398 851 pesos chiliens, pour un salaire contractuel de 500 000 pesos. On évoque un retour de la somme via la banque, car la situation s’annonce sensible et urgente.
Selon l’entreprise Consorcio Industrial de Alimentos, l’intéressé promet un dépôt dédié puis coupe les ponts. Trois jours passent sans nouvelles, tandis que l’équipe paie tente de comprendre l’origine précise du bug. La piste d’un double calcul, ensuite validé par erreur, revient avec insistance.
L’homme remet finalement une lettre de démission par l’intermédiaire d’un avocat. La somme représente 330 fois la rémunération normale, soit environ 172 000 euros contre 522 euros. L’employé n’effectue pas de remboursement, malgré l’alerte initiale et les échanges internes. L’entreprise engage alors la voie pénale.
Pourquoi l’employé a signalé l’erreur puis démissionné ?
Le dossier s’étale dans le temps, avec des versions factuelles parfois concurrentes. Le salarié rappelle qu’il a informé à chaud sa hiérarchie, ce que les échanges confirment. La chronologie devient la clé, puisqu’elle oriente le débat sur l’intention et la bonne foi. Le contexte médiatique ajoute une pression visible.
Début septembre 2025, le 1er Juzgado de Garantía de Santiago rend sa décision. Le tribunal acquitte l’ancien salarié des faits d’appropriation indue. Il retient l’absence d’éléments décisifs sur une volonté frauduleuse, tandis que le doute profite à la défense.
La société annonce un recours en nullité devant la Cour d’appel de Santiago. Elle dénonce une interprétation fautive du droit et du dossier. Le débat se déplace ainsi vers le contrôle de la motivation et l’examen précis des preuves. L’employé reste, à ce stade, dégagé au pénal.
Ce que la décision change pour tout employé et son employeur
L’arrêt rappelle un principe simple du droit pénal : la culpabilité exige des preuves claires. L’erreur de paie ne suffit pas, si l’intention frauduleuse n’est pas établie. Les faits seuls ne suffisent pas, rappellent les juges. Sur le plan civil, l’action en répétition de l’indu demeure théoriquement ouverte.
En France, un employeur dispose de trois ans pour réclamer un trop-perçu. S’il existe toujours un contrat en cours, un accord interne peut solder la situation. Les prud’hommes suivent une logique civile, avec pièces et délais. À défaut, la restitution passe par une démarche amiable, puis judiciaire en cas d’échec.
Les entreprises doivent sécuriser la chaîne de paie, car les erreurs coûtent cher. Double validation, contrôles croisés et journaux d’audit réduisent le risque. Les salariés gagnent, eux aussi, à formaliser chaque échange. L’employé averti conserve des preuves qui protègent sa position.
Enseignements pratiques pour entreprises, salariés et services de paie
Ce cas expose un choc entre logique comptable et logique pénale. La justice tranche au regard de l’intention, tandis que l’entreprise vise la restitution. La procédure d’appel dira si l’analyse se confirme ou si un nouveau jugement s’impose. Le débat rappelle aussi l’intérêt, pour tout employé, d’un conseil fiable et d’écrits précis.