Un trouble longtemps retenu affleure, porté par Amélie Nothomb. La romancière laisse une faille s’ouvrir, sans pathos ni pose. Elle parle de ce qui bouscule sa voix et nourrit sa plume. Les mots avancent avec pudeur, car la douleur reste vive. L’aveu s’impose, honnête et ferme, tandis que l’on comprend qu’un silence a trop pesé.
Ce qu’Amélie Nothomb a enfin choisi de dire
Dans un entretien Brut diffusé sur X, ce samedi 23 août, la romancière livre des confidences. La parution de Tant mieux, sortie le mercredi 20 août chez Albin Michel, accompagne ce pas. Le livre affronte un noyau intime, car la fiction se colle au réel, sans fard.
La parole tremble, pourtant elle reste claire, parce qu’un deuil s’inscrit. Amélie Nothomb dit : « Ce livre est un livre sur ma mère. Il se trouve que ma mère est morte le 11 février 2024 ». Elle rappelle la mort de son père en 2020, et ce double choc explique son mutisme.
La pudeur a tenu bon, alors elle a répondu à côté. « Cela fait un an et demi que je mens aux gens qui me demandent : “Comment va votre mère ?” Je dis : “Ah, très bien !” ». Elle présente ses excuses, dit sa honte, mais rejette toute perversité, car l’émotion bloquait les mots.
Pourquoi Amélie Nothomb a tu si longtemps
L’écrivaine parle d’un « coming out d’orpheline ». Les mots arrivent tard, car le réel fait obstacle. Elle s’était tue, incapable de prononcer la mort, chaque question rouvrait la plaie. L’aveu paraît simple, cependant il exige du courage, et la sincérité n’efface ni gêne ni vertige.
La création devient refuge, et l’écriture, une méthode pour respirer. Le roman mêle fiction et réalité pour portraiturer une mère dont l’éclat demeure. Ainsi la douleur prend forme, puis se transforme en hommage. La page accueille l’intime, et Amélie Nothomb assume pleinement cette alchimie.
La romancière, parfois chanteuse, puise dans son vécu, car la vérité brûle là. Elle préfère l’adresse directe, refuse l’emphase, avance juste. Elle n’a jamais voulu d’enfants, rappelle ce cadre personnel, et cela renforce le vertige du deuil. La parole tient, alors que chaque phrase garde sa douceur.
La force d’un hommage qui traverse les années
Trois jours avant l’entretien Brut, un écho paraissait dans Gala. « Le 11 février 2024, ma mère m’a fait une mauvaise plaisanterie. Elle est morte », confiait-elle. La perte de son père, en 2020, l’avait conduite à écrire. La répétition du choc éclaire ce geste : transformer la peine en récit.
Le livre adopte un format pour évoquer l’enfance de cette mère aimée d’un amour « absolu et déconcerté ». Elle la voyait comme un personnage de conte, tant sa présence semblait irréelle. La fiction épouse le réel, et le réel nourrit la fiction. Ce va-et-vient dessine un portrait vibrant, sans fioritures.
Ce regard tendre rejoint un surnom familial : « madame tant mieux ». L’expression dit une philosophie de résilience. La lumière n’efface pas le tragique, car elle l’englobe, donc elle apaise. Dans cette clarté fragile, Amélie Nothomb place gratitude et courage, vers une paix possible.
Ce deuil transformé en création, entre pudeur et vérité durable
La vérité vient sans théâtre, parce que la pudeur guide chaque phrase. Amélie Nothomb accepte de nommer la perte, puis de la convertir en force. Le livre garde la chaleur d’un hommage, ainsi que la sincérité d’un aveu. La douleur recule, non par oubli, grâce à l’écriture qui relie et transmet puis répare.