Suppression de deux jours fériés : « Il faut bien que ce travail supplémentaire soit accompli », affirme François Bayrou dans un courrier aux partenaires sociaux

Un débat qui lie production, mémoire collective et règles sociales dans un calendrier national resserré

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Une lettre ferme, un cap assumé : le premier ministre confirme sa volonté de retirer deux jours fériés afin d’augmenter la production sans alourdir les salaires. Il avance une mesure ciblée, encadrée et rapide, issue d’un plan budgétaire présenté, et confie aux partenaires sociaux une séquence de concertation pour préciser le dispositif, fixer les garde-fous et enclencher, dès l’an prochain, des effets tangibles.

Deux jours fériés et un rendement chiffré

Adressée vendredi aux partenaires sociaux, la lettre motive la suppression du lundi de Pâques et du 8-Mai par leur place dans une période chargée, affirme lemonde.fr. Présentée le 15 juillet dans le plan 2026, la piste est confirmée. Les Echos en ont révélé points clés le 10 août.

La mesure vise salariés du privé comme du public, qui travailleront davantage sans hausse de salaire. En contrepartie, les employeurs du privé verseront une contribution affectée au budget de l’État, sur le modèle du lundi de Pentecôte. L’objectif : supprimer deux jours fériés pour soutenir l’activité et financer l’action publique.

Matignon annonce un rendement de 4,2 milliards d’euros dès 2026 pour le budget de l’État, surtout porté par le secteur privé. Le gouvernement assume un ton direct et rappelle que « il faut bien que ce travail supplémentaire soit réalisé ». L’exécutif promet un cadre lisible pour entreprises et services publics.

Négociation et calendrier autour des jours fériés

Le dossier relève de la négociation nationale et interprofessionnelle. En application de l’article 1er du code du travail, le gouvernement transmet un document d’orientation pour ouvrir des discussions. Ce document permet de cadrer le périmètre, de fixer les modalités et de définir des critères clairs, afin d’éviter les contournements.

Les partenaires sociaux doivent indiquer avant le 1er septembre s’ils souhaitent négocier. La séquence devra s’achever au plus tard le 30 septembre. Les échanges porteront sur l’articulation des temps de travail, la contribution patronale et d’éventuelles compensations. Le périmètre des jours fériés pourrait par ailleurs être ajusté à la marge.

Le 15 juillet, François Bayrou a posé un socle en citant le lundi de Pâques et le 8-Mai. Il a toutefois laissé la porte ouverte à d’autres propositions. L’exécutif vise un dispositif simple, avec des règles communes. L’objectif est que les branches disposent d’un cadre clair et que la mise en œuvre reste rapide.

Repères historiques et exceptions territoriales

Le 8-Mai, anniversaire de la victoire de 1945, devient journée de commémoration en 1946. Il est férié à partir de 1953, puis cesse de l’être entre 1959 et 1981. Sous la présidence de François Mitterrand, il retrouve son statut chômé. Cette décision réinscrit la mémoire de la Libération dans le calendrier.

S’agissant du lundi de Pâques, le premier ministre affirme qu’il n’a « aucune signification religieuse ». Cette position contraste avec le fait que cette date est chômée dans plus d’une centaine de pays. Le débat touche à la pratique sociale autant qu’à la référence spirituelle. En effet, les usages et les rythmes scolaires façonnent les repères.

Le courrier prévoit des marges de manœuvre pour l’Alsace, la Moselle et Saint-Pierre-et-Miquelon. Ces territoires bénéficient de cette souplesse car la loi de 1905 ne s’y applique pas. Matignon refuse des organisations trop souples susceptibles de contournements. L’organisation du travail et le calendrier des jours fériés devront rester lisibles et respectés.

Budget, mémoire et organisation du travail

D’ici au 1er septembre, les organisations diront si elles engagent une négociation ; elles auront jusqu’au 30 septembre pour converger vers un texte. L’arbitrage attendu mêle rendement, repères collectifs et sécurité juridique. La décision finale devra concilier efficacité et symboles, tandis que les jours fériés resteront le point d’équilibre entre production et mémoire partagée, sans casser les repères des salariés.

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