L’exécutif veut supprimer deux jours fériés et ne pas payer davantage les salariés mensualisés ni les agents publics. La proposition, formulée par François Bayrou dans un courrier aux partenaires sociaux, s’inscrit dans le Budget 2026. Michel Picon, président de l’U2P, la juge “inacceptable” et “dangereuse”. Il alerte sur la fragilité des petites entreprises, le risque de casse sociale et des effets mal mesurés sur l’économie réelle.
Ce que la suppression de jours fériés changerait concrètement
Le gouvernement transforme deux jours chômés en jours travaillés, sans surcoût de rémunération, affirme franceinfo.fr. La mesure vise un gain budgétaire, mais le cadrage reste flou. Michel Picon parle d’un dossier “insuffisamment documenté”. Il dit ne pas être prêt à négocier et demande des preuves d’efficacité, car chaque secteur réagit selon ses cycles et ses marges.
Tourisme, loisirs, hôtellerie-restauration craignent un choc immédiat. Selon la profession, l’hôtellerie-restauration perdrait 100 millions d’euros de chiffre d’affaires par jour supprimé. Les territoires touristiques redoutent une baisse de fréquentation, tandis que les TPE voient leurs coûts fixes rester stables. Pour elles, deux jours fériés en moins ne garantissent ni flux, ni recettes supplémentaires.
Picon insiste : travailler davantage ne crée pas mécaniquement de rentabilité. Les carnets de commandes, la trésorerie et la consommation guident l’activité, pas l’agenda seul. Il craint “la pagaille” si la mesure s’impose sans évaluation solide. Il rappelle l’urgence d’éviter des annonces mal calibrées qui brouillent le signal adressé aux entreprises et aux salariés.
Qui paierait la facture des jours fériés supprimés
Aux yeux de l’U2P, l’État ne fait pas des économies : il “va chercher 4,2 milliards d’euros dans la poche des entreprises”. Les PME dénoncent un effet de transfert, car la valeur créée ne suit pas le rythme administratif. Les filières à faible marge risquent d’absorber le choc par une pression accrue sur l’organisation.
Exemple concret : un salon de coiffure ouvert le lundi de Pentecôte. Sans clients, l’employeur a payé la contribution de 0,30 % et mobilisé du personnel, sans contrepartie. L’équation reste défavorable quand la demande ne répond pas. “On est loin du travailler plus pour gagner plus”, résume Picon, qui veut relier temps de travail et pouvoir d’achat.
Le débat dépasse les règles calendaires. La dynamique passe par la consommation : rémunérer le travail stimule l’activité, donc l’emploi local. Les artisans et commerçants rappellent l’importance des horaires adaptés aux flux. Pour eux, le paramètre essentiel reste la solvabilité des ménages. Ils redoutent que deux jours fériés en moins fragilisent la relation avec les équipes et les clients.
Derrière les chiffres, un climat social à haut risque
Depuis quarante-deux ans, la France cherche l’équilibre budgétaire. Picon cite des décisions passées, non financées : retraite à 60 ans, 35 heures. Il refuse un nouveau “ajustement” improvisé. Le pilotage doit s’appuyer sur des études d’impact, sectorielles et territoriales, pour éviter des impasses et des effets boomerang sur l’activité.
Plutôt que supprimer des jours chômés, il propose d’augmenter un peu le travail quotidien. L’idée vise la productivité sans choc frontal, car elle respecte les rythmes d’entreprise. Il suggère aussi d’accompagner vers l’emploi ceux qui n’y sont pas : jeunes et seniors, avec des parcours et des incitations lisibles.
La rentrée s’annonce tendue. Picon redoute “un climat social épouvantable” si la réforme s’applique telle quelle. Il demande un débat franc, chiffré et partagé. Les petites structures réclament visibilité et simplicité : elles portent l’emploi de proximité et l’attractivité des centres-villes. Un retrait prudent des jours fériés éviterait un risque inutile.
Pour éviter l’impasse, une méthode qui rassemble et apaise
Le pays peut concilier budget, travail et confiance. Une négociation structurée, appuyée sur des données publiques, clarifierait les effets réels d’une suppression de jours fériés. Les entreprises attendent des règles stables, des horaires intelligents et un lien clair entre effort et revenu. Sans cela, la réforme allumerait des tensions, sans bénéfice durable.