« Si c’était à refaire, j’éviterais, bien évidemment » : Gérard Lanvin ne réalisait pas dans quoi il mettait les pieds lorsqu’il a accepté le premier rôle de ce film il y a 21 ans

Le revers d’un premier rôle accepté dans l’urgence révèle les fissures d’une production à bout de souffle

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Le sol semblait ferme, pourtant chaque pas s’enfonçait. Avec Gérard Lanvin, la promesse d’un premier rôle s’est changée en terrain miné, puis en souvenir lourd. Il décrit un projet rattrapé par l’urgence, poussé par des décisions hâtives et des égos en bataille. Le résultat a laissé des traces, humaines et artistiques, et un regret lucide qui résonne encore, vingt et une années plus tard.

Un fiasco public et critique autour de Gérard Lanvin

Sorti en 2004, le long-métrage adaptait la série San Antonio en comédie policière, raconte allocine.fr. Le budget, colossal, nourrissait de fortes attentes; la salle, pourtant, s’est vidée. Moins de 300 000 spectateurs ont répondu présent, et l’élan s’est brisé. Pour Gérard Lanvin, le choc fut brutal, avec un désaveu net au box-office.

Les retours ont confirmé la chute sans appel. Sur AlloCiné, les spectateurs n’ont accordé qu’1 étoile sur 5. La presse s’est montrée un peu moins sévère, avec une moyenne de 2,3. Le film n’a pas marqué pour de bonnes raisons, et l’étiquette de catastrophe s’est imposée, portée par un bouche-à-oreille tenace.

La production houleuse a pesé sur chaque étape. Les choix sont arrivés tard, parfois sans filet, et le plateau s’est tendu. Les récits d’équipe parlent d’engrenages mal alignés. L’échec s’explique autant par ces décisions que par l’accueil en salle, chacun nourrissant l’autre, jusqu’au point de rupture atteint trop vite.

Un casting bousculé et des choix tardifs autour de Gérard Lanvin

Le rôle-titre s’est décidé à la dernière minute, après des essais à répétition dans tout Paris. L’acteur dit avoir été appelé trois semaines avant. Le duo Depardieu-Castaldi, jugé “gabarits à l’identique”, a ajouté un paradoxe. Cette combinaison a plombé la lisibilité des personnages, au moment même où l’équipe cherchait encore son axe.

Le projet trottait depuis trois ans en préparation, puis le couperet est tombé. Plusieurs profils ont été remerciés pour boucler le casting. Gérard Lanvin a accepté par solidarité, sans lire le scénario, poussé par l’envie de jouer avec Depardieu. Ce choix de cœur a laissé peu de marge, alors que la mécanique s’emballait.

Claude Berri a paniqué en dix jours, et tout a changé. Le metteur en scène a été remplacé, puis les repères ont bougé du jour au lendemain. Le contrat permettait d’arrêter, l’acteur a préféré rester, par honneur. Il a continué, malgré un esprit de film qui dérivait sans cesse, sous la pression des urgences.

Tempête de critiques et défense d’un réalisateur pris au piège

Le nom de Frédéric Auburtin revient avec insistance. Chargé du navire sans temps de préparation, le réalisateur a encaissé des attaques violentes. L’équipe parle d’un héritage impossible, avec un calendrier fermé, un plateau nerveux et des arbitrages mouvants. Ces contraintes ont réduit toute marge de manœuvre créative et logistique.

Des voix du milieu, dont Karmitz et Chabrol, ont étrillé l’ensemble. Les mots ont dépassé la critique, jusqu’au “massacre” ressenti. Ce feu nourri a figé la réputation du film. La désacralisation a déferlé, publique puis interne, tandis que les artisans tentaient d’absorber l’onde de choc, scène après scène, mixage après mixage.

L’équipe a pourtant finalisé pour limiter la casse financière. Sauver Claude Berri, éviter une perte colossale et rentabiliser au minimum sont restés les objectifs. Gérard Lanvin plaide pour le respect du travail accompli, même imparfait. Le film visait la distraction, pas la haine. Le système reste dur; chacun a tenu sa ligne.

Ce que l’on retient d’un pari qui déraille, et d’une dignité qui persiste

Les défaillances d’organisation, les paris de casting, puis la panique ont scellé le destin de ce projet. Gérard Lanvin assume un oui donné trop vite, sans renier la solidarité qui l’a guidé. La leçon tient en peu de mots: mieux vaut un calendrier sain, un cap clair, et des critiques équitables quand l’orage éclate.

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