Une secousse administrative frappe au cœur d’un parcours. Une étudiante sénégalaise jugée « exemplaire » reçoit l’ordre de partir, tandis que son école et ses soutiens s’organisent. Le débat s’ouvre, la décision approche, l’horizon reste incertain. Chaque ligne du dossier pèse, car une soutenance et un avenir professionnel se jouent face à la préfecture. Ici, le temps presse, chacun s’engage.
Parcours brillant sous pression pour une étudiante sénégalaise
Cet été, Marie-Thérèse Gomis finalise un mémoire sur la création, la cession et la transmission d’entreprise, raconte sudouest.fr. Elle prépare l’agrément de conseillère en investissement auprès de l’AMF et une soutenance en septembre. À Boucau, elle suit un mastère d’ingénierie patrimoniale à la Talis Business School de Bayonne.
Le notaire Manuel Herrero, professeur de droit des successions, loue sa rigueur et un travail « impressionnant ». Avec des formateurs et employeurs, il dénonce une mesure « aveugle ». L’OQTF, exécutoire en août, menace soutenance et insertion. Ils demandent une décision cohérente avec un parcours solide.
Arrivée légalement en 2016 pour le droit des affaires à Strasbourg, elle a poursuivi à Paris, Mulhouse et Rodez avant Bayonne. Un chemin sans rupture. Pourtant, le statut d’étudiante sénégalaise devient un enjeu administratif. Elle dit respecter la loi, travailler et tenir bon, malgré une épée au-dessus d’elle.
Pourquoi l’administration vise une étudiante sénégalaise intégrée
Deux OQTF l’ont déjà visée. La première, signée en mars 2021 dans le Val-d’Oise, est confirmée en janvier 2023 par le tribunal administratif. La seconde, en septembre 2023 en Aveyron, attend l’appel. La troisième, en Pyrénées-Atlantiques, survient alors que le tribunal de Pau rejette l’urgence.
La procédure au fond continue ; un recours gracieux est déposé auprès du préfet. Les enseignants appuient. Jean-Paul Gibert évoque « une des meilleures ». Marion Minvielle salue curiosité et méthode. La directrice Fabienne Ribes la dit « exemplaire », « respectueuse », « engagée ».
La préfecture invoque un « manquement manifeste de déférence » et l’absence d’obtempération. Elle réplique qu’elle s’intègre, qu’elle travaille et qu’elle se tient bien. Elle demande une lecture juste des faits. Face à ces arguments, l’étudiante sénégalaise défend un parcours cohérent, avec des preuves et des témoins.
Un emploi promis, des attaches balayées
Le monde professionnel confirme le potentiel. En 2023, lors d’un stage, BM Expertise, cabinet d’expertise comptable à Agen, l’identifie et la recrute en CDI dès juin 2023. Le contrat est suspendu pendant la formation à Bayonne, afin d’acquérir des compétences utiles, pensées pour être réinvesties dans l’équipe.
BME lui confie la création d’un pôle juridique et patrimonial. Frédéric Bulf l’écrit : elle co-dirigera le service juridique patrimonial, au sein d’une entité, cheffe de mission et directrice générale associée. Malgré l’OQTF, l’étudiante sénégalaise s’accroche à ce cap, construit étape par étape et validé par l’employeur.
La préfecture oppose l’absence d’attaches privées et note célibataire, sans enfants. Elle juge neuf ans de présence peu significatifs et conteste l’insertion durable, écrivant que le dossier ne la prouve pas. Elle réplique : frère et sœur à Paris ; deux oncles, dont un vicaire épiscopal à Mulhouse.
Ce que révèle cette crise d’égalité et d’accueil
La « circulaire Retailleau » de janvier 2025 appelle à plus de rigueur, quand la « circulaire Valls » de 2012 prônait une prise en compte humaine. Entre principe et réalité, l’arbitrage est fin. Le destin d’une étudiante sénégalaise condense ce débat. La décision dira si la règle reconnaît la valeur et garde un avenir déjà tracé, lucidement et durablement.