Le mouvement gronde à Lille : un mot d’ordre fort et des horaires qui font débat. À travers cette mobilisation, agents, syndicats et usagers expriment leur inquiétude face à une décision régionale qui bouleverse leurs repères quotidiens. Les guichets SNCF, longtemps symbole de proximité, deviennent le centre d’une controverse où se mêlent emploi, accessibilité et avenir du service public.
Pourquoi la réduction des guichets SNCF soulève autant de colère
Une centaine de personnes ont manifesté jeudi 9 octobre à Lille, devant le conseil régional, affirme francebleu.fr. Elles dénoncent une baisse dès le premier novembre. Quatre-vingt-sept gares sur cent vingt-huit seront touchées en Hauts-de-France. Tension palpable. Cette réduction des guichets SNCF inquiète gares rurales et voyageurs fragiles.
Pour Christophe Coulon, les chiffres parlent. Sur six mois, 20 % des titres TER sont passés au guichet. 68,5 % en ligne, 11,5 % à l’automate. En 2018, les achats physiques faisaient 50 %. Il évoque une maltraitance quand un agent voit moins d’un client par heure. Les usages changent vite. Partout.
L’opposition brandit d’autres données et d’autres enjeux. Julien Poix cite moins 80 % d’horaires à Avion et moins 91 % à Busigny. Il refuse une République tout numérique et réclame des gares humaines pour sécurité et accueil PMR. Selon lui, l’objectif est financier. Derrière ces chiffres, emplois et usagers risquent de se perdre.
Chiffres et emplois, ce que cachent les guichets SNCF
Christophe Coulon affirme que la transformation coûtera plus cher. Le surcoût se situe entre 700 000 et 800 000 euros. La facture inclut un comptoir à la gare du Nord. La Région reprendra des comptoirs à Arras, Douai, Béthune, Calais. Ce cadrage inclut l’organisation des guichets SNCF dans les villes.
Le plan est discuté depuis deux ans, mais révélé au début de l’été. Jean-François Blondeau, guichetier depuis quatorze ans dans l’Avesnois, dit avoir été averti en juin. Certains collègues ignorent ce qu’ils feront au premier novembre. Cette incertitude pèse sur les équipes. Il parle de torture psychologique à l’attente.
Les syndicats redoutent environ quatre-vingts suppressions d’emplois. Xavier Wattebled, pour la CGT-cheminots, décrit des agents affectés sur deux ou trois sites. Les périmètres seraient larges et les trajets plus longs. Deux tiers des postes menacés concernent des intérimaires. Les parcours clients se complexifieraient sans accompagnement. La fatigue progresse.
Numérique et service de proximité, chercher un équilibre réaliste
Les usages migrent vers le mobile et le web, car l’achat devient rapide. Pourtant, l’aide au comptoir reste essentielle pour aînés. Elle l’est aussi pour les voyageurs et les publics à mobilité réduite. La présence rassure dans gares, la sécurité inquiète. Les territoires ruraux réclament un service joignable et régulier.
Des données opposées racontent une transition imparfaite et parfois brutale. Les chiffres confirment l’essor du numérique, mais ils n’éteignent pas les besoins humains. L’annonce tardive nourrit incompréhension et colère. Le manque d’informations claires multiplie les rumeurs locales et les peurs. Chaque gare exige un diagnostic précis et un rythme réaliste.
Un point fait consensus chez les usagers et élus prudents. L’avenir passe par un accompagnement personnalisé et des horaires lisibles. Il faut garantir l’accessibilité et la sûreté, même en période creuse. La réussite reposera sur un suivi et des ajustements. Le maintien des guichets SNCF peut éviter des ruptures d’accès.
Entre accessibilité, sécurité, budget et emploi, quelles priorités retenir
La décision touche à la confiance, car chacun mesure ce qu’il peut perdre. Les défenseurs du terrain veulent des repères humains, tandis que la Région mise sur l’efficacité numérique. Des chiffres solides existent, pourtant ils ne résument pas la vie en gare. Un cadre clair, des évaluations publiques et des guichets SNCF ciblés peuvent réconcilier usages et justice sociale. Le calendrier devra rester révisable, car l’usage évolue sans cesse.