Lettre ouverte de Marie-Thérèse, retraitée « boomer », pour F. Bayrou

Une voix de boomer rappelle les faits, demande justice et respecte le travail de toute une vie

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Ils pensent parler juste, pourtant leurs mots nous classent. Ma lettre ouverte ne cherche ni rancœur, elle apporte des repères simples et vérifiables. J’assume mon âge et ma part, j’attends en retour la même honnêteté. Les retraités ne forment pas un bloc, chacun porte une histoire et des efforts réels. Parlons sans caricature, avec respect, et regardons enfin les chiffres.

Ce que dit une lettre ouverte face aux réformes

Le 27 août, selon bvoltaire.fr, vos propos télévisés ont relancé un vieux procès. On oppose « boomers » et actifs, on oublie les réformes concrètes. En 1993, la loi Balladur a porté la durée de cotisation à 40 ans pour le privé, contre 37,5 auparavant, avec un impact mécanique sur les pensions.

Autre pivot, la base de calcul a changé. Non plus les dix meilleures années, mais les vingt-cinq meilleures années, ce qui dilue les hauts salaires et baisse les droits. Ce glissement a touché toute une cohorte. Il a façonné nos montants, nos projets, et nos arbitrages familiaux dans le temps.

Il faut donc cesser les raccourcis. Ma lettre ouverte rappelle simplement que la génération 1950/1952 a accompagné le redressement du système, sans slogans. Ces règles ont amputé des droits, elles ont sécurisé l’équilibre aussi. Reconnaître ces deux réalités aide à parler juste, durablement, sans opposer des vies ni des parcours.

Des contributions réelles, des sacrifices peu reconnus

Dans ma pension, l’effet se chiffre. La réforme me retire environ 150 euros par mois. Ma génération a aussi soutenu ses aînés, ceux qui avaient traversé la guerre et travaillé pour sauver le pays. Ils ont souvent reçu des retraites tronquées, nous avons accepté, par loyauté, cette solidarité sans bruit.

Nous avons travaillé au-delà des années requises, et nous avons le plus cotisé. Pendant que certains perçoivent des retraites sans avoir travaillé pour la France, le système reste fragilisé. La réalité comptable pèse sur tous. Nous payons aussi la CSG, ce qui réduit encore le net et alimente l’incompréhension aujourd’hui.

On réduit ces enjeux à des slogans, pourtant chaque carrière raconte des choix, des risques, des creux. Ma lettre ouverte refuse les oppositions faciles entre générations. Elle demande une lecture précise des règles et des flux, car la justice sociale se mesure aussi dans la durée, facture après facture, réelle.

Pourquoi cette lettre ouverte refuse les boucs émissaires

J’ai versé plus de quarante-trois années de cotisations chômage, sans une seule journée indemnisée. Je considère que la solidarité n’est pas un slogan, c’est un fait. Elle vit dans ces contributions silencieuses, utiles quand d’autres en ont besoin, et jamais revendiquées, même lorsque la chance a tenu bon, pour moi.

Quand des élites hors-sol cherchent des boucs émissaires, elles visent les retraités, car payer des retraites complètes dérange. J’entends aussi la critique sur nos choix politiques. Certains ont pu se tromper. Patriote depuis toujours, j’ai alerté autour de moi, sans succès, en gardant la conviction d’une France à relever encore.

Nous n’avons pas grandi à coups de subventions. Nos loisirs et notre éducation ont été payés par le travail de nos parents, non par l’État, c’est-à-dire par les contribuables. Cette lettre ouverte parle en « malgré-nous » qui n’a jamais voté pour les destructeurs de la nation, par fidélité simple.

Pour un débat honnête et respectueux sur nos retraites

Je ne demande aucun privilège, seulement une mesure juste. Que chaque réforme, chaque prélèvement, soit regardé avec des faits complets et des mots tenus. Cette lettre ouverte invite à remplacer les procès d’intention par des chiffres, des règles, des vies réelles. Le respect n’est pas une faveur, c’est un dû. La vérité apaise, elle rend enfin le débat possible, utile.

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