Difficile de rester indifférent : un chercheur retrace cinq millénaires pour alerter sur un possible effondrement mondial. Après sept années d’enquête, il observe des ressorts récurrents : inégalités qui s’installent, élites qui s’enrichissent et institutions qui se fragilisent. Son travail met au jour un système unique, puissant et vulnérable à la fois, qui relie nos sociétés et rend tout choc plus contagieux.
Pourquoi l’effondrement mondial devient un scénario crédible
Selon le site cnews.fr, l’auteur, Luke Kemp (Centre for the Study of Existential Risk, Université de Cambridge), synthétise Goliath’s Curse. Plus de 400 civilisations passées, 5.000 ans de trajectoires, un même fil rouge. Il parle non de simples empires, mais de « Goliath » : des structures dominantes, à l’image de l’Empire romain, dont l’architecture inspire une lecture lucide de notre époque.
Il décrit un « Goliath mondial interconnecté » : commerce, finance et technologies soudent désormais la planète dans un seul système économique, le capitalisme, rappelle-t-il dans The Guardian. Cette intégration produit efficacité et vitesse, car l’information et les flux circulent partout.
La fragilité affleure vite. La pandémie de Covid-19 l’a montré : chaînes d’approvisionnement bloquées, contagion des peurs, effets dominos. Autre facteur aggravant, la « triade noire » — narcissisme, psychopathie, machiavélisme — que l’on retrouve parfois chez des dirigeants. Quand elle s’additionne aux inégalités, le risque d’effondrement mondial se renforce.
Inégalités, élites et mécanismes de chute
Dans les effondrements historiques, les inégalités précèdent souvent la rupture. À mesure que des élites extraient davantage de richesses du peuple et de la terre, la société se creuse, puis la « coquille » se fissure sous un choc : maladie, guerre ou changement climatique. Voilà pourquoi l’auteur voit dans les inégalités un accélérateur d’effondrement mondial.
Pourtant, l’histoire n’est pas qu’un gouffre. Après Rome, les populations ont grandi et gagné en santé, signe qu’un ordre ancien peut s’écrouler, tandis que des vies, ensuite, s’améliorent. Ce paradoxe n’absout pas les souffrances : il rappelle qu’une transformation peut suivre une rupture, à condition d’en comprendre les ressorts et d’agir avant la casse.
Nos menaces diffèrent de celles d’hier : intelligence artificielle omniprésente, armes nucléaires dans les débats, crises climatiques qui s’enchaînent. Chaque risque pèse seul, mais leur combinaison pèse plus lourd. Un monde relié rend un incident local plus vite global ; donc la prévention, la transparence et la réduction des asymétries deviennent des priorités concrètes.
Deux voies face à l’effondrement mondial
Selon Luke Kemp, deux issues se dessinent : l’autodestruction, la plus probable à ce stade, ou une transformation profonde du jeu politique et économique. « Je suis pessimiste quant à l’avenir. Mais je suis optimiste quant aux gens », confie-t-il, posant la question de la responsabilité collective, ici et maintenant.
Il plaide pour une véritable démocratie directe : assemblées citoyennes, outils numériques à grande échelle, délibérations ouvertes et utiles. L’objectif : rapprocher décisions et citoyens, afin de corriger des biais connus et d’armer la société face aux chocs qui s’annoncent.
Limiter la fortune des plus riches, combattre les inégalités, rendre l’économie plus honnête : le programme vise l’efficacité, non l’étiquette. L’auteur rejette l’idée d’une vision « de gauche » : « La gauche n’a pas le monopole de la lutte contre la corruption, de la responsabilisation publique et du fait que les entreprises paient leurs dommages. » Sans cet effort, l’effondrement mondial gagne du terrain.
Agir maintenant pour déjouer l’irréversible
Le message ne cherche ni la peur ni l’effet de manche. Il invite à regarder les faits, à réduire les inégalités, à assainir le pouvoir, à moderniser nos institutions. Parce qu’un monde interconnecté amplifie les chocs, il peut aussi amplifier les solutions ; prendre ce virage maintenant limite la probabilité d’un effondrement mondial et ouvre une sortie par le haut.