Une voix de l’info s’est tue, mais l’empreinte demeure. Figure du service public, Benoît Duquesne a marqué le journalisme par une rigueur sans pose et une curiosité sans limite. Sa disparition à 56 ans a bouleversé proches et confrères. Sa fille Marie, aujourd’hui à l’antenne, prolonge ce regard juste et exigeant. L’émotion reste vive, car il avait su parler à tous.
Sous les arbres de Saint-Germain, Benoît Duquesne mène un dernier face-à-face
Selon purepeople.com, le 3 juillet 2014, à Saint-Germain-des-Prés, il installe son plateau sous trois vieux arbres. À deux rues du Café de Flore et des Deux Magots. Présentateur de Complément d’enquête depuis 2008, il reçoit Bernard-Henri Lévy. Le philosophe a longuement hésité, puis accepte ce face-à-face exigeant, convaincu par l’échange annoncé.
Il dit sa confiance, car la passion pour l’émission se lit dans chaque détail, l’honnêteté aussi. Il souligne la rigueur, l’esprit service public, la gentillesse, une élégance un peu dandy et il évoque même le baroudeur croisé en Afghanistan. Ce portrait loue un professionnel rare, sûr de ses choix et attentif au contradicteur.
Ce jour-là, Benoît Duquesne paraît en forme, blagueur avant comme après. L’échange reste musclé, pugnace, sans concession, car chacun a travaillé. Le journaliste prépare trente minutes comme des heures, vise l’essentiel, puis relance sans hausser le ton. L’entretien finit net, avec respect et une politesse ferme qui marque.
Sur la Seine, Benoît Duquesne s’éteint et laisse une rédaction en deuil
Après l’enregistrement, il regagne sa péniche amarrée à L’Île-Saint-Denis, sur la Seine. Le lendemain, vendredi 4 juillet 2014, Benoît Duquesne est retrouvé sans vie par un collègue. France 2 annonce une crise cardiaque. Elle rappelle ses remplacements aux JT de 13h et 20h, de 1995 à 2001, à l’antenne de France Télévisions.
Les hommages affluent. François Hollande salue un journaliste rigoureux, exigeant, visage de la liberté d’information, et adresse ses condoléances à ses proches. Manuel Valls loue un grand professionnel, passionné de politique, attaché au service public. Les rédactions mesurent le choc.
Yvan Martinet se dit abasourdi, car « rien ne laissait imaginer un tel pépin » chez cet homme robuste. Le 10 juillet 2014, l’église Jeanne-d’Arc de Versailles se remplit. Gilles Bouleau, Jean-Pierre Elkabbach, Laurent Delahousse, David Pujadas et bien d’autres entourent Élisabeth, Pierre, Marie, Mélanie et Mathilde dans une émotion digne.
Transmission, terrain et responsabilités à Nice
Les années passent, la passion reste. Marie Duquesne travaille depuis longtemps à BFMTV, sur le terrain quand il le faut. En août 2018, elle couvre l’évacuation d’enfants d’un camping après des inondations dans le Gard. La trace de Benoît Duquesne l’accompagne, sans pathos, dans une pratique concrète du reportage.
Devenue secrétaire générale de la rédaction de BFMTV Nice, elle coordonne équipes, sujets et antenne. En mai dernier, elle échange avec les étudiants de l’EDJ Nice sur ce rôle. Elle transmet une méthode: préparation solide, écoute, vérification serrée, puis clarté à l’écran.
Cette trajectoire prolonge une éthique: priorité aux faits, respect des personnes, goût du terrain. Les valeurs du service public irriguent son travail, même en chaîne privée, car elles parlent aux publics. La filiation ne pèse pas, elle éclaire. La mémoire se cultive humblement, par le geste juste et répété.
Ce que la télévision garde de cette exigence humaine
Reste l’essentiel: une manière de questionner, d’écouter, puis de rendre clair ce qui compte. Les hommages ont fixé une image. La trace la plus sûre se joue à l’écran, dans des gestes simples et tenaces. Par son travail à Nice, Marie prolonge la voie ouverte par Benoît Duquesne, sans bruit ni posture. La rigueur demeure, car le public attend des réponses justes et sensibles.