L’Union européenne vient de franchir une nouvelle étape dans la régulation des produits cosmétiques. Le TPO, une substance chimique largement utilisée dans les vernis semi-permanents, est désormais interdit dans tous les pays membres. Une décision qui bouleverse les habitudes des salons de manucure mais qui ne condamne pas pour autant l’usage du vernis semi-permanent. Des alternatives existent déjà et se déploient rapidement sur le marché.
Une interdiction immédiate du TPO dans l’Union européenne
Depuis ce lundi 1er septembre, les prothésistes ongulaires doivent impérativement revoir leurs pratiques. Le TPO, ou « oxyde de diphényl triméthylbenzoyl phosphine », entrait jusque-là dans la composition de nombreux gels et vernis semi-permanents. Ce composé permettait au produit de durcir sous l’action d’une lampe UV ou LED, garantissant ainsi une tenue longue durée.
Jusqu’à présent, son usage était toléré dans un cadre strictement professionnel, à une concentration maximale de 5 %. Mais l’Union européenne a décidé de durcir le ton. En mai dernier, dans le cadre du règlement dit « Omnibus VII », le TPO a été officiellement classé parmi les substances CMR de catégorie 1B — c’est-à-dire cancérogènes, mutagènes ou toxiques pour la reproduction. Ce classement équivaut à une interdiction totale sur le marché européen.
La DGCCRF a précisé que cette interdiction entrait en vigueur immédiatement, sans délai pour écouler les stocks déjà disponibles. Autrement dit, les flacons contenant du TPO encore présents dans les instituts de beauté doivent être mis de côté et ne peuvent plus être utilisés. Les salons qui ne respecteraient pas cette nouvelle règle s’exposent à des sanctions.
Quels risques pour la santé des consommateurs ?
Le durcissement réglementaire s’explique avant tout par des préoccupations sanitaires. L’exposition au TPO présente des risques reconnus pour la fertilité et le développement. En l’utilisant régulièrement dans des produits appliqués sur les ongles, la substance pouvait être absorbée par l’organisme à des niveaux jugés préoccupants.
Pour les clientes, cette interdiction peut paraître contraignante, mais elle vise à protéger leur santé sur le long terme. Le vernis semi-permanent ne disparaît pas pour autant : il faudra simplement s’assurer que les produits utilisés en institut ne contiennent plus de TPO.
Des alternatives déjà disponibles pour les salons et les clients
Heureusement, l’industrie cosmétique a anticipé cette évolution. De nombreux fabricants ont développé des gammes de vernis et de gels sans TPO. Ces formules s’appuient sur d’autres photo-initiateurs, comme le TPO-L (Ethyl Trimesthybenzol Phenyl), qui n’est pas classé parmi les substances dangereuses. Certaines grandes marques, telles que Peggy Sage, affirment avoir déjà reformulé l’ensemble de leurs produits pour se mettre en conformité.
Autre piste mise en avant : les vernis semi-permanents biosourcés. Fabriqués à partir d’ingrédients d’origine végétale et transformés selon des procédés plus respectueux de l’environnement, ils offrent une alternative saine et écologique. Des marques comme Manucurist ou Nailberry proposent déjà ce type de produits. Leur tenue est toutefois légèrement réduite par rapport aux vernis classiques semi-permanents, avoisinant une dizaine de jours.
Un tournant pour l’industrie cosmétique
L’interdiction du TPO marque un nouveau cap dans la réglementation des produits de beauté. Elle illustre la volonté de l’Union européenne de mieux encadrer les substances chimiques potentiellement nocives, même lorsqu’elles sont utilisées dans des produits courants. Pour les professionnels de la manucure, il s’agit d’un ajustement nécessaire, qui demande d’adapter leurs stocks mais qui ouvre aussi la porte à des innovations.
Du côté des consommatrices, le message est clair : le vernis semi-permanent reste possible, mais avec des formules plus sûres. L’avenir semble se dessiner vers une offre diversifiée, mêlant sécurité, performance et respect de l’environnement.