Jeanne Mermet, diplômée de Polytechnique : « Je démissionne de mon poste d’ingénieure pour ne pas faire la guerre au vivant »

Quitter la voie royale pour tenir une boussole du soin, et remettre l’ingénierie au service du vivant

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Face à un monde technique en quête de sens, Jeanne Mermet fait un choix qui interroge autant qu’il inspire. Son parcours, marqué par l’excellence académique, prend une direction inattendue, portée par une conviction profonde. Ce geste, à la fois personnel et universel, questionne notre rapport à la création, au progrès et à la responsabilité envers le vivant.

Pourquoi Jeanne Mermet refuse la « guerre au vivant »

Au cœur de sa réflexion, un constat simple et troublant : certains projets se présentent comme des solutions, alors qu’ils déplacent les dégâts, affirme nouvelobs.com. Jeanne Mermet raconte l’écart entre les modèles brillants et les impacts réels sur les milieux. Elle décrit l’emballement d’infrastructures qui consomment des ressources rares, et la violence discrète des chaînes d’extraction.

Ce choc naît au contact du terrain et des études sur les réseaux d’énergie. Elle mesure la distance entre promesses et réalités : gains d’efficacité d’un côté, pertes invisibles de l’autre. Elle y voit une logique de guerre menée aux sols, aux eaux, aux vies non humaines, parfois aussi aux communautés humaines.

Refuser cette logique, c’est réviser la place du travail. Elle parle de « désertion » non comme fuite, mais comme refus organisé de nuire. Le geste ouvre d’autres horizons : ralentir, réparer, partager le pouvoir technique, écouter les usages locaux, et questionner la finalité de chaque ouvrage avant sa mise en œuvre.

Du doute au choix radical dans l’industrie verte

Son itinéraire passe par l’école d’ingénieurs, les modèles d’optimisation, puis l’épreuve des faits. Les chiffres séduisent, les simulations rassurent, mais le fil des matières premières raconte autre chose. Les rendements masquent le coût social et écologique des métaux, des terres, des mers. L’addition ne cadre plus avec l’idéal de soin.

De ce décalage naît un livre qui politise l’expérience. Il nomme les angles morts : hiérarchies scolaires, reproduction des élites, mythe d’une neutralité technique. Il relie crise écologique et rapports de force et il revendique des mots simples : refuser, soigner, ralentir. Dans ces verbes se dessine une stratégie : s’organiser pour dire non et pour faire autrement.

Jeanne Mermet place la « désertion » dans le collectif. Elle appelle à croiser métiers et classes, à mettre l’expertise en commun, à documenter les dégâts, à arbitrer les usages. Elle propose d’examiner chaque projet à l’aune du vivant : est-ce utile, réparable, soutenable, juste ? Sinon, apprendre à le débrancher.

Ce que propose Jeanne Mermet pour une désertion collective

La proposition s’appuie sur des pratiques concrètes. Elle valorise les enquêtes locales, les ateliers ouverts, les savoirs d’usage. Elle cite les initiatives qui prennent soin de l’eau, du sol, de l’air et elle insiste sur la gouvernance : décider avec, et non pour. Et elle avance une règle claire : « refuser de nuire ». Jeanne Mermet en fait un cap.

La méthode tient en quelques gestes : mesurer les impacts, partager les résultats, choisir le moindre dommage, renoncer aux infrastructures toxiques. Elle parle aussi d’éducation populaire technique : rendre les outils compréhensibles, pour rendre les choix discutables. Cette pédagogie transforme l’ingénierie : moins d’objets, plus d’attention.

Enfin, elle assume une joie de résistance. Pas la pureté, mais la cohérence. Elle propose des alliances entre chercheurs, techniciens, habitants, élus, paysans. Elle rappelle que l’énergie la plus précieuse reste celle que l’on n’a pas à produire. Et elle invite à réparer l’existant avant de bâtir, à partager avant d’extraire.

Ce que cette trajectoire dit de notre époque en crise

Ce récit parle d’un temps où réussir ne suffit plus si l’on ignore le prix des victoires. Il rappelle que produire, c’est aussi choisir des pertes. Il propose un art de limiter les dégâts et il ouvre une voie de travail plus sobre et plus juste. Et il donne à Jeanne Mermet le rôle d’une éclaireuse exigeante.

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