« Je vais m’inscrire à Pôle emploi pour la première fois » : un agent RATP sanctionné pour usage de CBD

Licenciement éclair et bataille annoncée autour du handicap, des règles internes et du CBD prescrit

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Vingt-sept ans de service balayés en quelques minutes, un test au cannabis contesté, et une décision qui tombe. Au cœur de l’entreprise RATP, un ouvrier de maintenance dit suivre un traitement au CBD. Prescrit pour stabiliser un trouble bipolaire, il n’a pas convaincu sa direction. Le conseil de discipline a tranché, malgré des appels au maintien. L’histoire, brutale, commence par une révocation qui laisse un goût d’injustice.

Conseil de discipline à la RATP, un licenciement expédié

La séance a duré une demi-heure, puis la sanction est tombée, affirme leparisien.fr. Le dossier vise Jean-Jacques Modeste, ouvrier au centre de bus de Saint-Maur-Créteil (Val-de-Marne). Il a été révoqué après vingt-sept ans d’ancienneté. La procédure offrait des issues, mais la plus sévère a clos sa carrière.

Le contrôle au cannabis s’est révélé positif. L’intéressé parle de CBD, pris avec ordonnance dans un suivi pour bipolarité. Certificats et prescriptions ont été présentés, le traitement est encadré. Trois représentants du personnel ont demandé son maintien, tandis que la direction a refusé, figeant les positions.

Âgé de quarante-sept ans, il est abattu. Sa mère et sa grand-mère ont travaillé dans la régie. Lui est entré à dix-huit ans comme ouvrier non qualifié, malgré une pathologie lourde. Face au conseil, il s’est heurté à un mur, et il se sent numéro dans la RATP.

Handicap et statut à la RATP, lignes qui bougent

Selon lui, le contexte social pèse. La réorganisation s’accélère, tandis qu’une part du réseau bascule vers la privatisation. Les règles du personnel évoluent. Il y voit une cause directe. L’équilibre entre sécurité, santé et emploi se tend, et la marge de compréhension se rétrécit pour les cas médicaux.

Le congé spécial d’ordre médical, accordé aux personnes avec ALD, reste central. Spécifique et exclusif à la RATP, il doit disparaître lors du basculement. L’entreprise se disait inclusive, affirme-t-il, mais il regrette un virage. Ce changement de statut inquiète, car il fragilise des salariés déjà exposés.

Ahmed Berrahal, élu CGT à la CSSCT, dénonce une casse sociale. Pour lui, la procédure n’a été qu’une formalité, la décision semblant actée d’avance. Le signal dépasse ce cas individuel et pèse sur le collectif, qui redoute une gestion plus dure des dossiers médicaux.

Rebondir, se former et contester sans s’isoler

Il dit qu’il s’inscrira à Pôle emploi pour la première fois de sa vie. La démarche étonne, car il a toujours travaillé, mais il refuse l’inactivité. Son compte CPF est fourni, et il envisage une formation qualifiante. L’idée d’un avenir de mécanicien l’attire, et ce projet donne un cadre pour reconstruire vite.

Avec son avocat, il saisira les prud’hommes. La procédure sera longue et éprouvante, mais il dit tenir. La contestation vise la proportionnalité de la sanction, car le CBD était médicalement prescrit. Il veut une décision réexaminée sur le fond, selon les règles du droit du travail.

Il souligne qu’il n’est pas seul. Sa famille, certains collègues et des élus syndicaux le soutiennent, car ils jugent la sanction excessive. Le soir même, la RATP, sollicitée, n’a pas répondu. Le silence prolonge les doutes, tandis que le dossier avance par étapes.

Ce que ce dossier dit de l’entreprise et du cadre

Cette affaire tend les liens entre règles de sécurité, prescriptions médicales et équité de traitement. Elle interroge la manière dont une grande maison comme la RATP gère santé, handicap et emploi. Des réformes changent son cadre. Entre formation, recours et soutien, l’ouvrier fixe ses appuis, et le juge dira, demain, si la sanction tenait vraiment. Le temps judiciaire imposera son rythme, tandis que l’emploi reste en jeu.

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