Une conviction claire guide Marie Perrin, celle de rendre le recyclage des terres rares plus propre, plus simple et plus utile. Son parcours conjugue recherche de haut niveau, sens de l’impact et envie d’entreprendre. Son procédé promet une récupération sélective avec moins d’énergie et moins de chimie. L’histoire d’une jeune scientifique qui veut changer une industrie clé, sans promesse creuse ni effets de manche.
Ce que Marie Perrin a changé dans la recherche appliquée au recyclage
En 2022, dans un laboratoire de Zurich, elle vit son « moment Eureka » avec le professeur Victor Mougel. Selon lemonde.fr, l’objectif est de récupérer puis recycler des terres rares. Elle teste la méthode sur des déchets concrets : des ampoules basse consommation. Résultat net : extraction et isolation de l’europium, métal stratégique, prête pour une suite industrielle.
Fin 2024, le procédé est breveté. La publication suit dans Nature, puis le Spark Award de l’Université de Zurich distingue l’invention. En janvier 2025, l’Office européen des brevets lui décerne le Young Inventors Prize. À 28 ans, la lumière se braque sur sa méthode, qui gagne en crédibilité et en visibilité auprès d’acteurs clés.
Pourquoi ces métaux comptent autant ? Ils servent aux voitures électriques, aux ordinateurs et aux smartphones. Les gisements existent dans plusieurs régions, mais la Chine domine 70 % de la production et 90 % avec le raffinage. L’extraction pollue : 2 000 tonnes de déchets par tonne produite, dont une tonne radioactive. Le recyclage reste inférieur à 1 %.
Pourquoi Marie Perrin parie sur une innovation utile aux industriels
REEcover réunit trois associés dont Victor Mougel, Maria Pujos et elle. La mission est de faire connaître la technologie et la vendre aux entreprises. Pour structurer l’offre, elle suit un programme de dix mois financé par la fondation de son école. Elle assume la casquette d’entrepreneuse, avec rigueur scientifique et sens du terrain.
Elle ne court pas après l’argent. Créer une société reste risqué, et l’industrie paierait mieux. Pourtant, elle avance. Elle croit au rôle des sciences pour améliorer le réel. Cette motivation l’aide à convaincre, car elle parle d’usages, de coûts évités et de bénéfices concrets.
Techniquement, séparer 17 éléments proches reste ardu. Chacun possède des propriétés propres, magnétiques ou luminescentes, selon l’usage visé. Les méthodes classiques exigent des centaines, parfois des milliers de cycles. Sa piste : des systèmes bio-inspirés, plus sélectifs. Ils réduisent l’énergie, limitent les réactifs et visent moins d’étapes.
Parcours, mentors et convictions écologiques qui forgent sa vision
Enfance franco-américaine, parents scientifiques et curiosité précoce : Marie Perrin grandit entre amour des sciences et souci écologique. Un documentaire vu à huit ans la marque et oriente ses choix. Elle aime la chimie pour sa clarté : comprendre le monde à l’échelle élémentaire, puis agir avec précision, sans emphase inutile.
Le parcours suit une ligne exigeante : bac scientifique, classes prépas à Toulouse, Paris-Saclay, puis Polytechnique. La thèse la mène vers les terres rares ; elle plaisante : « J’adore les cailloux ». Des stages décisifs ouvrent des portes, jusqu’au MIT. Les rencontres comptent : un bon encadrement aligne opportunités, audace et résultats mesurables.
Ses études publiques ont limité les coûts. Une bourse d’environ 3 200 CHF, soit près de 3 400 €, a suffi pour vivre correctement. Marie n’a pas senti de frein lié au genre, même si des biais existent. Elle s’implique en mentoring, surtout auprès des filles. Aussi, elle travaille en Suisse, reste attachée à la France et questionne sa double nationalité.
Ce récit éclaire l’urgence d’un recyclage plus propre et souverain
L’itinéraire de Marie Perrin montre qu’une recherche ciblée, unie à l’usage, peut rebattre les cartes : moins d’énergie, moins de chimie, plus d’efficacité. Elle lie rigueur, entrepreneuriat et intérêt général. Sa méthode ouvre une fenêtre stratégique : retrouver de la valeur, réduire la pollution et alléger la dépendance extérieure, sans perdre le sens.