Admiration et rappel à l’histoire, voilà le message que porte Jeannie Longo dans un entretien à L’Équipe. Elle salue la forme éclatante de Pauline Ferrand-Prévôt et son maillot jaune décroché au col de la Madeleine, tout en pointant une dérive tenace : la mémoire courte autour des victoires qui ont façonné le Tour féminin. Elle refuse que des faits établis s’effacent, car ces pages comptent pour les coureuses d’aujourd’hui.
Pourquoi Jeannie Longo alerte sur la mémoire du Tour féminin
Dans L’Équipe, elle rappelle d’emblée l’essentiel : Pauline Ferrand-Prévôt, qu’elle décrit comme une « figure inspirante », a conquis le maillot jaune après une 8e étape majeure, terminée au sommet du col de la Madeleine. Ce succès, puissant, nourrit l’élan du peloton et hisse la visibilité du Tour femmes.
Seulement, en écoutant France Info, elle dit s’être « un peu déprimée » : il a été avancé que PFP deviendrait peut-être la première Française victorieuse du Tour depuis Bernard Hinault en 1985. Or elle a gagné en 1987, 1988 puis 1989, des faits publics, simples à vérifier.
Pour Jeannie Longo, reconnaître ces acquis ne retire rien aux performances actuelles, au contraire cela les éclaire. La championne veut une histoire cumulative : les exploits s’ajoutent, ils ne s’annulent pas. Ainsi, l’enthousiasme du moment peut s’appuyer sur des repères solides, compris par les fans comme par les médias.
Le Tour féminin a bien existé, avec des repères précis
Après une première édition en 1955, le Tour de France Féminin a repris une cadence annuelle entre 1984 et 1989. L’épreuve empruntait les mêmes routes que le Tour masculin, passait avant les hommes, proposait des distances réduites et moins d’étapes, et s’inscrivait sur la même carte, avec les mêmes cols.
Dans ce cadre, Jeannie Longo s’impose trois fois, en 1987, 1988 et 1989, chaque fois devant l’Italienne Maria Canins. Ce duel structure la fin de décennie, il donne un visage à la course et installe des repères clairs. Les résultats existent, ils attestent de ces podiums, avec des écarts mesurés.
Son palmarès dépasse le Tour : 182 victoires sur route et treize titres mondiaux. Pourtant, quand on réduit ces marques, elle dit le ressentir durement, « j’ai l’impression qu’on nous marche dessus ». L’effort constant mérite sa trace, sinon la mémoire sportive se fragilise et la transmission devient bancale.
Ce que réclame Jeannie Longo pour une reconnaissance nette
Les mots pèsent, car ils façonnent la mémoire. Dire qu’aucune Française n’a gagné depuis Hinault en 1985 efface trois succès enregistrés en 1987, 1988 et 1989. Rectifier n’enlève rien à la performance actuelle, cela garantit seulement que les faits restent nets, utiles aux suiveurs comme aux jeunes coureuses.
Après 1989, un autre rendez-vous naît en septembre pour remplacer le Tour de France Féminin : le Tour de la CEE féminin. Catherine Marsal en gagne la première édition en 1990. La course ne dure que quatre éditions, trop brève pour ancrer des repères durables, pourtant elle complète la chronologie.
Pour avancer dans l’histoire, il faut citer justement les titres, donner le contexte et ne pas oublier les dates, voilà la base. Cette rigueur profite à tous, elle clarifie le palmarès et valorise l’instant présent. Jeannie Longo demande simplement que l’on se souvienne, afin que le Tour femmes se raconte sans trous, avec justesse.
Mémoire fidèle, sport grandi
Rendre hommage au présent, tout en gardant l’archive claire, c’est respecter celles qui roulent et celles qui ont tracé la voie. En rappelant ses victoires, Jeannie Longo n’éteint pas l’enthousiasme, elle l’ancre. Parce que la précision guide le public, les médias et le peloton, chacun peut célébrer le Tour féminin sans amnésie ni hiérarchie implicite. Ainsi, l’histoire reste complète, la motivation grandit, et la confiance gagne tout le cyclisme.