« J’ai 54 ans, trente ans de métier et je suis très fatiguée » : les ATSEM veulent faire reconnaître la dureté de leur travail à l’école

Au cœur des maternelles, des professionnelles réclament des repères clairs pour alléger une charge croissante

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Épuisement, gestes répétés, journées sans vraie pause : dans les écoles maternelles, le quotidien pèse. Les ATSEM réclament une reconnaissance claire de la pénibilité, car leur mission dépasse l’aide en classe et l’hygiène. Entre accueil du matin, cantine et périscolaire du soir, la charge s’allonge, tandis que les dispositifs de repos se raréfient. Leur parole s’organise et demande des réponses concrètes.

ATSEM un métier invisible aux tâches bien réelles

Chaque ATSEM débute tôt et reste jusqu’au départ des derniers enfants. Elle prépare la classe, accompagne l’enseignant, gère l’hygiène et sécurise les locaux. Entre accueil, cantine et périscolaire, la présence continue exige des gestes précis et une vigilance constante. Ce travail relationnel intense sollicite le corps, l’écoute et la patience.

Elles sont 133 à Limoges pour assurer ce service essentiel dans les écoles maternelles. La journée peut durer dix heures sans pause réelle, avec des pics d’activité aux transitions. Elles interviennent aussi pendant les vacances pour nettoyer, ranger et préparer, afin d’accueillir les enfants sereinement.

Les dispositifs qui facilitaient un souffle ont disparu, comme les heures mises de côté pour plus tard. Avec vingt-neuf enfants en petite section, le bruit et l’imprévu ajoutent une contrainte nerveuse continue. Les corps crient : épaules, mains, dos, car les gestes bas, les portages et le nettoyage s’enchaînent.

ATSEM et pénibilité accrue avec la petite scolarisation

La scolarisation plus précoce élargit les missions dès l’accueil des tout-petits. Des enfants portent encore des couches, demandent des changes fréquents et un accompagnement individualisé. L’attention doit rester douce et efficace, car l’autonomie arrive tard, et les besoins se superposent sans prévenir. Chaque geste demande du temps et une coordination discrète avec l’enseignant.

L’inclusion progresse et les besoins spécifiques apparaissent durant la petite section. Le diagnostic se précise avec l’école, mais l’accompagnement par un AESH arrive souvent en moyenne section. En attendant, ces professionnelles soutiennent, rassurent, adaptent les activités et gèrent les crises, tout en sécurisant la classe. L’attente alourdit la charge émotionnelle et impose une présence constante auprès des plus fragiles.

Cent vingt sur cent trente interrogés ont soutenu la demande d’un droit à huit jours de sujétion. Ces repos dérogatoires pourraient être pris hors des temps scolaires, afin de compenser la pénibilité cumulée. Karen Poumerouly, pour le collectif ATSEM, rappelle une charge accrue sans compensation et demande une prise en compte réelle.

Reconnaissance, dialogue social et décisions à prendre

Une grève a débuté le lundi 8 septembre et s’est poursuivie le mardi 9 septembre. Une trentaine de personnes a rejoint le mouvement le premier jour, puis environ quarante le lendemain. Des perturbations ont touché notamment les écoles Léon Blum et Victor Hugo, avec des réorganisations de service.

La CGT a porté le sujet auprès du maire Émile Roger Lombertie lors d’une rencontre en février. La réponse évoquait une pénibilité difficile à objectiver, tandis que les indicateurs s’accumulent. Faute de critères partagés, le débat s’enlise, et la fatigue continue d’augmenter au fil des rentrées. Un cadre simple et partagé donnerait des décisions plus justes.

Des villes comme Angers ou Dijon appliquent déjà des jours de sujétion pour compenser des contraintes spécifiques. Hélène Brière de L’Isle, pour la CGT, propose de reconnaître le rôle éducatif en visant la catégorie B pour ces agents. À Limoges, la mairie affirme que le dialogue est en cours, tandis que les ATSEM attendent des actes.

Pour un respect durable des compétences en maternelle

Reconnaître la pénibilité, c’est sécuriser l’accueil et la réussite des enfants. Des critères simples, huit jours de sujétion, des effectifs adaptés et un parcours de carrière cohérent donneraient souffle et visibilité. Les ATSEM portent un service public exigeant, souvent silencieux. Leur expertise mérite une place claire, un respect tangible et des moyens stables, à hauteur des missions. Au quotidien. Pour longtemps.

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