Il choisit la marge et l’essentiel. Dans un village abandonné, Michel Courtie vit sans eau ni électricité. Dernier homme de Comes, il avance à son rythme, entre silence et horizons ouverts. Libre comme peu d’hommes, il revendique une identité Catalans et un mode de vie qui bouscule nos repères. Son quotidien tient à des choix simples et à une constance qui force l’attention.
Liberté choisie au cœur des Catalans
Né en 1969, Michel revient à Comes après sa naissance, raconte lindependant.fr. Le hameau comptait 50 habitants en 1900, puis se vide dans les années 1930, faute d’eau. Son grand-père, berger, résistant, achète les terres en 1955. Aujourd’hui, seul Michel demeure. Carrure large, peau tannée, barbe, moustache; une bonhomie rieuse ponctuée de « ouais », Catalans.
Autour de l’an 2000, il atteint 645 têtes: 395 brebis et 250 chèvres. La sécheresse grignote les pâtures, année après année. En 2023, il cède ses dernières bêtes à une amie. Si l’eau revient, il remet du bétail et reprend le métier.
Il y a quelques années, un incendie emporte sa maison en pierres, à 300 mètres du clocher de Comes. Partent avec elle l’essentiel de ses biens. Sa bibliothèque privée compte 55 000 livres, réunis depuis ses 14 ans. Il garde un petit chalet en bois et un mobil-home, gardiens de nourriture, livres, souvenirs.
Un quotidien sobre, enraciné chez les Catalans
Sans eau courante ni électricité, il s’organise avec sobriété. Il dort dehors l’été, sur un matelas posé près du chalet. Son téléphone capte un filet de réseau et se recharge grâce à de petits panneaux solaires. La douche se fait aux jerricans; l’eau potable arrive via une voisine bergère.
Son quotidien reste simple, avec des repas frugaux. Il mange des conserves, du chocolat, du couscous, des bananes, du poulet rôti et des pêches en boîte. Une gazinière attend, mais il cuisine peu. Il garde pourtant un faible pour la choucroute et pour des plats Catalans rêvés en arrière-pays espagnol.
Ses journées se règlent sur un tempo net. Lever tôt, prière assumée — il est catholique —, puis lecture longue. Il lit entre quatre et huit heures, comme jadis, quand les bêtes faisaient sieste. Ce rythme lui suffit, car il cherche la paix, pas l’isolement forcé.
Convictions, amitiés et horizons lointains
Il ne vit pas en ermite. Deux fois par semaine, des amis passent le prendre. Cap sur Prades ou Perpignan pour les courses; parfois, une virée en Catalogne sud pour un repas simple. Sans voiture, il s’en moque, car un coup de fil suffit, et ses amitiés Catalans répondent.
Il assume des convictions nettes. Au Cercle légitimiste, il assiste à des conférences, donne des repas entre royalistes et visite des monuments. Il regrette la France d’avant la Révolution. Bach, Mozart, Haendel, Vivaldi l’accompagnent; il chante parfois, seul, d’anciens chants militaires, et ne se sent jamais seul.
Il n’a ni femme ni enfant, et dit ne pas en souffrir. Il aurait aimé tenter l’armée, mais la vie a choisi autre chose et il rêve d’Égypte, de Grèce, de Rome, d’Italie et du Maroc. Son message reste simple: que l’humanité se calme, car elle aime trop la guerre.
Liberté, mémoire et retour possible si l’eau revient
Ici, Michel Courtie assume une retraite choisie, sans folklore ni posture. Il avance avec ses livres, ses prières et un courage tranquille, dernier homme de Comes. Si l’eau revient, il remettra des bêtes, car le métier l’appelle encore. Libre à sa façon, il porte aussi la mémoire Catalans, et rappelle qu’on peut vivre autrement, sans bruit. Cette voie reste exigeante, pourtant elle lui ressemble.