« Est-ce que toutes les vacances seront comme ça désormais ? » : des touristes racontent comment les canicules et vagues de chaleur perturbent leurs étés

Canicules et choix de destination reconfigurent nos étés et forcent des décisions parfois radicales et durables

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Le dérèglement climatique bouscule nos repères estivaux. La chaleur extrême impose de nouveaux réflexes. Les séjours se réorganisent au jour le jour. Les témoignages se multiplient et posent une question simple. Nos vacances ressembleront-elles encore à ce que l’on a connu, ou faudra-t-il tout réinventer pour supporter l’été ? Les familles révisent horaires, trajets et attentes. La saison semble changer nos usages.

Adapter ses vacances sous des températures extrêmes

Près de 43°C en Ardèche et en Aveyron mardi 12 août. Plus de 41°C la veille en Gironde, dans l’Aude et en Dordogne. Pour le 15 août, Météo-France prévoyait 36 à 38°C sur la moitié sud. Jusqu’à 40°C dans le Sud-Ouest. Des vigilances orange, parfois rouge, ont perturbé réservations.

Gérard, 65 ans, est arrivé début août aux portes du parc de Millevaches, en Creuse. Le thermomètre a filé : 36°C, puis 37°C, puis 42°C. Il reste dedans de midi à 18 h. Il évite les terrasses et cherche l’ombre. Ce scientifique breton relie cette séquence à un réchauffement trop longtemps sous-estimé.

Comme beaucoup, il consulte sans cesse les applications météo. Chaque journée impose ses limites. Le moindre itinéraire, une promenade ou une baignade se décide à l’heure. Les sorties liées aux vacances ne se planifient plus d’avance. La fraîcheur nocturne se raréfie dans de larges zones.

Changer ses vacances de lieux et de saison

Vincent a vendu au printemps 2024 la caravane familiale, installée depuis vingt-cinq ans à 25 km de Dax. Avant les incendies de 2022, il voyait déjà des étés plus durs. Le camping se couvrait de feuilles dès début août. L’air manquait, parfois jusque sur le littoral. L’ombre des chênes devenait refuge.

La famille de Laurent a cédé sa villa du Var après des canicules répétées. Volets clos, repas impossibles dehors, piscine au-delà de 30°C. La routine a lassé. Cap sur Saumur, en Maine-et-Loire. La chaleur existe, mais la nuit redescend. Cela change tout et permet de récupérer.

Marion a quitté Lyon à sept heures vers la baie de Somme. Elle avait des hébergements en Andalousie, à Antibes ou à Draguignan. En 2023, avec son enfant de deux ans, elle restait dedans et dormait mal. Cette fois, elle accepte l’imperméable. 25°C au Crotoy, contre 38°C à Draguignan. Les vacances y gagnent.

Nouvelles routes, altitude et coût des changements

Le Centre de ressources pour l’adaptation au changement climatique publiait en octobre un dossier. Il observe des étés littoraux moins agréables, sans bascule massive. Malgré des canicules récurrentes depuis 2010, sauf 2014 et 2021, le Sud reste le plus fréquenté en 2023. Des tendances déplacent la haute saison.

Laetitia, liée aux Alpes-Maritimes et à l’Aveyron, évite le Sud en été. Elle y retourne hors saison. Elle a renoncé au train de nuit Nice-Rome et elle a choisi une semaine dans les Vosges, 15°C à l’arrivée. Puis deux semaines en bord de mer, Morbihan et île de Ré.

Après dix ans dans le Gard, Laurent s’installe à Strasbourg et choisit la montagne et l’Europe du Nord en camping-car. Sylvain mise sur la haute altitude à La Rosière. Son passage dans le Tarn-et-Garonne glisse fin août. Christine avance un séjour dans le Morbihan pour fuir 41°C à Uzès. Ainsi, les vacances changent.

Ce que ces témoignages disent de nos étés à venir

Depuis le XIXe siècle, la température moyenne mondiale a gagné 1,1°C. Les scientifiques attribuent ce bond aux activités humaines. Les énergies fossiles en sont la cause majeure. Des solutions existent. Les renouvelables comptent, la sobriété aussi, avec moins de viande. Chacun ajuste trajets, rythmes et habitudes pour que les vacances restent possibles malgré la chaleur. L’adaptation devient concrète. Elle engage tourisme et saisons.

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