Droits de douane punitifs : plusieurs entreprises suisses envisagent de délocaliser leur production à l’étranger

Relocalisations ciblées, chaînes ajustées et emplois sous tension face à une surtaxe qui bouleverse l’équilibre suisse-américain

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Une hausse brutale des droits de douane frappe depuis le 7 août certains produits suisses. Décidée par l’administration Trump, la mesure renchérit l’accès au marché américain par rapport à d’autres pays européens. Les industriels voient des commandes annulées et une compétitivité laminée. Pour préserver leurs ventes, ils envisagent des transferts ciblés de production, avec un risque pour des milliers d’emplois.

Entreprises sous pression face aux droits de douane à 39 %

La surtaxe, en vigueur depuis le 7 août, bouscule l’économie nationale selon econostrum.info. Les exportations deviennent moins attractives que celles venues d’États membres de l’Union européenne, car l’écart de coût s’élargit. Les premières annulations de commandes tombent, et les carnets se vident. Avec ces droits de douane, l’outil industriel doit pivoter vite, sous peine de pertes durables.

PackSys Global, à Rüti (Zurich), fabrique des machines d’emballage pour les boissons, la pharmacie et les cosmétiques. Son directeur, Beat Rupp, étudie un basculement partiel vers l’Union européenne. Le groupe possède déjà une usine en Slovaquie, atout utile pour éviter la surtaxe, tout en restant proche des fournisseurs.

Jusqu’à un quart des ventes de PackSys se fait aux États-Unis. Depuis l’entrée en vigueur du tarif, les premières commandes ont été annulées. Rupp prévient que, si la tendance se prolonge, la moitié de l’atelier pourrait se retrouver vide. Le signal est clair, et il appelle une réponse rapide.

Réorganisations accélérées pour contourner les droits de douane

Thermoplan, à Weggis (Lucerne), fournit des machines à café à Starbucks depuis 1999. Son PDG, Adrian Steiner, a vu des pièces détachées bloquées à la douane américaine. Il parle d’une « super catastrophe absolue ». Hostile jusqu’ici à une délocalisation, il admet désormais la nécessité d’une implantation de production aux États-Unis.

TOFWERK, à Thoune (Berne), produit des spectromètres de masse. Plus de 30 % de ses exportations partent vers les États-Unis. Sa fondatrice, Katrin Fuhrer, s’attend à des annulations si la situation persiste. Elle juge la création d’un site américain quasi inévitable, pour sécuriser délais et prix.

Un tel choix reste coûteux, et il pèse sur l’emploi en Suisse. Les investissements à l’étranger exigent des équipes locales, tandis que l’ingénierie reste ici. Si ces droits de douane perdurent, l’arbitrage bascule vers la proximité du client. Les entreprises privilégient alors la résilience, plutôt que le label national.

Un marché américain vital, mais sous tension structurelle

Le secteur de la technique médicale est touché. Ypsomed, à Burgdorf (Berne), transfère en Allemagne la moitié de sa production destinée aux États-Unis, en s’appuyant sur son site de Schwerin ouvert en 2019. Son PDG, Simon Michel, dit qu’avec un tarif sous 15 %, un compromis restait possible ; à 39 %, la bascule s’impose.

Ypsomed n’expédie qu’environ 5 % de produits « suisses » vers les États-Unis, mais cette part reste stratégique. L’entreprise prépare un investissement de 300 millions de francs sur la côte est américaine dès l’an prochain. L’objectif consiste à sécuriser les chaînes et à stabiliser les coûts, quand la demande progresse.

Tecan, à Männedorf (Zurich), réalise 55 % de son chiffre d’affaires aux États-Unis. La moitié de sa production se fait déjà sur place, surtout en Californie. Face aux droits de douane, l’entreprise va encore augmenter ses capacités aux États-Unis et en Malaisie. Ce mouvement étire la chaîne, mais il réduit les risques de blocage.

S’adapter sans rompre le lien industriel avec la Suisse

La flambée tarifaire force des ajustements rapides, parfois des délocalisations partielles. Certains groupes contournent la taxe ; d’autres revoient leur empreinte industrielle. Le « Made in Switzerland » pourrait reculer, avec des effets sur l’emploi. Les décisions à venir combineront ancrage local, investissements proches des clients et veille réglementaire, car les droits de douane redessinent le jeu.

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