Des logiciels surveillaient l’activité en télétravail : une banque licencie 1000 personnes accusées de flâner

Un plan social choc interroge la surveillance numérique, l’équité procédurale et la confiance dans le travail à distance

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L’annonce tombe comme un couperet et relance un débat brûlant sur le télétravail. Itaú, géant bancaire brésilien, dit vouloir protéger sa culture et la confiance avec clients et collaborateurs. Après enquête interne, l’établissement licencie 1000 salariés, soit 1 % d’un effectif de 100 000. La direction parle d’“évaluation minutieuse” et de comportements jugés incompatibles avec ses principes. Les concernés contestent, les syndicats s’alarment et la société observe.

Un tournant contesté du télétravail chez Itaú

D’après lefigaro.fr, Itaú affirme avoir mené une analyse systématique des conduites à distance, puis décidé des renvois. La banque évoque des pauses trop longues, des tâches non avancées, et un décalage avec ses standards. L’objectif affiché consiste à préserver une culture d’exigence, tout en entretenant un lien de confiance avec le public, les équipes, puis la société civile.

Le chiffre impressionne, car 1000 départs représentent 1 % du total des 100 000 collaborateurs. Le signal envoyé paraît fort, alors que l’organisation hybride devient la norme. Les règles internes doivent rester claires, sinon la défiance s’installe. Ici, la sanction marque une rupture nette qui interroge la méthode, l’équité, et la proportionnalité vis-à-vis des faits reprochés.

Du côté des salariés, le choc est réel et l’amertume vive. Un employé raconte qu’on lui promettait une promotion en informatique. Il se dit désormais “désigné comme paresseux” et privé de droit de réponse. Le sentiment d’injustice grandit, tandis que la peur de l’étiquette colle aux carrières. La blessure symbolique pèse autant que la perte d’emploi.

Des outils numériques et le télétravail au cœur du litige

La direction mentionne des “indicateurs robustes d’activité numérique” issus de plusieurs logiciels. Ces tableaux guident l’évaluation et prétendent objectiver les décisions. L’outil compte, mais il exige des garde-fous précis. Sans contextualisation du signal, un clic s’interprète mal, un silence devient faute, et une pause légitime paraît suspecte.

Les syndicats dénoncent un manque de transparence et des “arguments lâches”. Ils demandent quels objectifs ont été fixés et comment ils ont été mesurés. Ils réclament des critères publics, compréhensibles, opposables, puis un vrai contradictoire. Sans cadre lisible, la gouvernance numérique ressemble à une boîte noire, qui fragilise la confiance autant qu’elle prétend la défendre.

Le salarié qui s’exprime refuse l’étiquette d’oisiveté. Il soutient avoir rempli ses missions, puis attendu une progression de carrière. Il explique n’avoir reçu aucune possibilité de répondre aux griefs. L’idée d’un procès équitable manque, alors que la réputation professionnelle se joue en quelques lignes d’écran. Une procédure perçue comme injuste divise longtemps.

Profits record, colère sociale et zones d’ombre persistantes

Itaú affiche des profits records, à 6,4 milliards d’euros l’an dernier. Le contraste entre résultats et vague de licenciements alimente l’indignation. L’opinion se demande si le gain de contrôle justifie le coût social. Quand le climat se tend, l’entreprise perd en engagement, puis en cohésion, malgré une apparente performance financière.

Le débat dépasse un seul employeur. L’ère des métriques ubiquistes impose de simples garde-fous vérifiables. Un outil mesure, il n’explique pas tout. Les données doivent s’ancrer dans des objectifs définis, des seuils contextualisés, puis un droit au recours. Sans ces repères, la surveillance glisse vite vers l’arbitraire.

Le syndicat du secteur bancaire pose la vraie question : que mesure-t-on exactement ? Une activité sur écran, une valeur créée, ou un effort caché ? Le travail à distance brouille les repères. Il invite à des indicateurs combinés, sensibles au temps long, à la qualité livrée, puis aux contraintes réelles des métiers.

Ce que révèle cette affaire sur la gestion à distance

Cette crise expose une frontière fine entre pilotage et intrusion. Pour éviter l’escalade, il faut des règles claires, des seuils publics, un contradictoire effectif, puis une pédagogie constante. Le télétravail gagne en légitimité quand la mesure reste humaine et contextualisée. La confiance se nourrit de procédures justes, pas d’algorithmes seuls.

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