Déprogrammation : France 4 modifie en urgence sa soirée de ce vendredi 15 août pour rendre hommage à l’acteur Jacques Martial (« Navarro »), disparu cette semaine

Un salut juste et sobre qui éclaire un parcours, relie des mémoires et prolonge un héritage vivant

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Un écran s’ouvre, les souvenirs affluent, l’émotion s’installe. Ce soir, France 4 bouscule sa grille pour un salut vibrant à Jacques Martial. Le temps d’une soirée, la télévision se fait mémoire partagée, tandis que la scène retrouve sa voix. L’hommage promet une expérience sensible, précise, et fidèle à l’artiste, sans pathos, avec la force tranquille qui a porté ses rôles et ses combats.

Hommage télévisé à Jacques Martial : une scène pour la mémoire

France 4 programme à 22h20 “Cahier d’un retour au pays natal”. Le spectacle, capté en 2022 au Théâtre de l’Épée de bois, réunit plateau et souffle poétique, raconte ozap.com. Mis en scène et interprété par le comédien guadeloupéen, il devient un pont entre l’écran et le théâtre. Le public retrouvera Jacques Martial dans une présence sobre, précise, intensément humaine.

Ce poème d’Aimé Césaire, publié en 1939, impose sa langue, sa cadence, son choc. Césaire y affirme la fierté et la dignité reconquises. Le texte parle des peuples noirs, mais aussi des opprimés partout. Il a façonné le XXe siècle littéraire. L’adaptation respecte ce nerf, tout en offrant un rythme clair, accessible, sans lourdeur, avec une intensité toujours tenue.

La diffusion s’ancre dans notre présent. Les luttes anti-racistes sont parfois qualifiées d’“identitaires” ou “communautaristes”. Ici, la scène répond par l’art et la nuance. Le spectacle éclaire sans moraliser, avance sans plainte, propose des images justes. La télévision choisit la transmission, car la mémoire s’entretient. La chaîne assume une déprogrammation rare et nécessaire.

De « Navarro » aux planches, le parcours de Jacques Martial

Dans “Navarro”, il fut “Bain-Marie”, collègue fidèle du commissaire incarné par Roger Hanin. La série de TF1 l’a installé durablement dans les foyers. Il accompagne les enquêtes au fil de 108 épisodes, de 1989 à 2007. Le personnage, discret et solide, a donné corps à la brigade, tandis que la fiction installait un lien fort avec le public.

Le comédien s’est éteint mercredi 13 août 2025, à 70 ans, après une longue maladie. La disparition laisse un vide net. La brigade perd “un nouvel élément”, la formule résonne, simple et juste. Le chagrin s’exprime sans excès, parce que les images demeurent. Son passage à l’écran conserve une chaleur précise, proche, respectueuse des personnages et des spectateurs.

Au-delà de la série, l’artiste a joué les grands auteurs, classiques et contemporains. Sa voix a porté Denzel Washington (“Gladiator 2”), Wesley Snipes (“Blade”) et Samuel L. Jackson. Le doublage exige justesse, souffle, écoute. Il l’a traité comme une seconde scène. Ce travail discret complète la silhouette publique de Jacques Martial, toujours au service du texte et du regard.

Engagement public et héritage salué

Au début des années 2000, il met sa carrière d’acteur entre parenthèses et s’engage. Élu conseiller de Paris délégué aux Outre-mers en juin, il devient en novembre 2022 adjoint d’Anne Hidalgo, en charge des Outre-mers. Cette décision prolonge l’artiste citoyen. Les causes passent de la scène aux politiques publiques, sans perdre de sincérité ni d’exigence.

Son action vise la représentation et l’écoute des ultramarins. La mission reste concrète, utile, continue. Il défend la place des cultures, ainsi que l’accès aux institutions. Les mots trouvent un terrain, les dossiers avancent, les projets s’ancrent. L’engagement demeure calme, précis, tenace. L’itinéraire confirme une ambition simple : servir, relier, transmettre, toujours au plus près.

Les hommages se multiplient. Anne Hidalgo salue “un ami cher, fidèle, généreux et sensible”. Elle rappelle sa manière d’aimer l’Hexagone “à partir des Outre-mer”. Le message touche juste, car il dit l’essentiel. La ville reconnaît l’apport, tandis que les spectateurs remercient. L’héritage artistique et public s’assemble, dans un même geste, digne et clair, Jacques Martial en tête.

Pourquoi cet hommage télévisé résonne si fort aujourd’hui

La déprogrammation assume une urgence : faire place à l’œuvre, maintenant. Le théâtre choisi parle au pays, sans détour, avec l’éclat de Césaire et la mesure de Jacques Martial. La télévision relie des générations, rappelle des rôles, honore un service rendu. La mémoire circule, vivante, parce que la voix reste, exacte, posée, prête à nous tenir.

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