Décès de Diane Keaton, l’inoubliable interprète du « Parrain » et d’ »Annie Hall »

Portrait vibrant d’une actrice culte, entre audace comique, rôle mythique et élégance qui traverse le temps

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Son rire nerveux, son allure garçonne et ses rôles cultes ont marqué des générations. Diane Keaton laisse une empreinte vive, entre élégance singulière et comédie brillante. Son nom évoque Kay Adams. Et une héroïne new-yorkaise, légère seulement en apparence. Elle a changé la manière de regarder les femmes à l’écran. Elle impose aussi une liberté désarmante, critique et joyeuse.

De Broadway à l’icône, Diane Keaton impose un style

Diane Keaton s’est éteinte le 10 octobre à Los Angeles, à 79 ans, affirme telerama.fr. Après une carrière foisonnante. Née Diane Hall en 1946, elle a d’abord foulé Broadway, puis conquis Hollywood. Amours anciennes, collaborations durables et curiosité intacte ont nourri un parcours où panache et fantaisie restaient maîtres. Avec exigence. Toujours.

Chez Woody Allen, ex-compagnon devenu ami, elle trouve un miroir idéal. Annie Hall s’inspire d’elle, et ce rôle libre, drôle et nerveux lui vaut l’Oscar 1978. Héritière assumée de Katharine Hepburn, elle impose une féminité sans minauderie. Une dompteuse de homards, vive, impertinente, précise, inoubliable. Ce panache deviendra sa signature.

Les hommages abondent. Un an plus tôt, Sandrine Kiberlain saluait, dans nos colonnes, une lignée d’actrices androgynes, au mordant tendre. Elle racontait avoir choisi Annie Hall pour le Conservatoire, malgré les doutes. Keaton, disait-elle, semble poussée dans l’image, quand d’autres y entrent avec évidence. Ce regard résume un charme singulier.

Le Parrain et Woody Allen : Diane Keaton au cœur du mythe

Francis Ford Coppola la remarque après Lune de miel aux orties. Dans Le Parrain, elle devient Kay Adams, étrangère au milieu des costards. Rôle discret, elle rempile pourtant en 1974. La scène de l’aveu d’avortement, rage froide, claque : « C’était un fils ! ». Elle reviendra encore en 1990.

De 1972 à 1993, huit films la lient à Allen. Tombe les filles et tais-toi, Woody et les robots, Guerre et amour, Annie Hall. Puis Intérieurs, Manhattan, Radio Days, Meurtre mystérieux à Manhattan. Ce dernier la voit remplacer Mia Farrow après la rupture avec l’auteur. Une constellation de titres majeurs.

Dans ces rôles, l’actrice installe une comédie nerveuse, élégante, parfois gauche. Diane Keaton n’a pas besoin d’effets, car chaque silence pèse et chaque geste parle. Son humour anti-pathos ouvre une voie où fragilité et aplomb se répondent. Le tempo new-yorkais donne de l’allant et une grâce précise.

Audaces, nominations, style signature et succès très populaires

Diane Keaton ose À la recherche de Mr Goodbar en 1977, nocturne brûlant signé Richard Brooks. Avec Warren Beatty, elle traverse la révolution russe de 1917 dans Reds, en journaliste amoureuse. La nomination suit. Puis viennent Simples Secrets en 1996 et Tout peut arriver, comédie de Nancy Meyers, en 2003.

Productrice d’Elephant, de Gus Van Sant, en 2003, elle réalise aussi plusieurs longs métrages hantés par l’au-delà. Elle signe des téléfilms. Et dirige un épisode de la saison 2 de Twin Peaks. Le public, pourtant, la chérit surtout drôle. Baby Boom triomphe en 1987. Le Club des ex en 1997.

Suivront Morning Glory en 2010 aux côtés d’Harrison Ford, et Book Club en 2018. Dans The Young Pope, elle campe une nonne rigide, loin du style boyish, chapeau, cravate, gilet. Summer Camp, comédie avec Kathy Bates, sort chez nous en VOD en 2024 ; elle n’envisageait pas la retraite.

Un héritage vivant, entre grâce comique et liberté assumée

On la disait La-di-da, et l’étiquette l’agaçait. Diane Keaton revendiquait plutôt la trajectoire d’une Katharine Hepburn moderne : mûrir, changer, surprendre. Quand elle chantait Seems like old times, la nostalgie brillait sans peser. Resteront des rôles, des gestes, et cette façon unique de tenir le cadre, droite et légère. Avec autorité et une fantaisie précise. C’est une présence qui continue d’éclairer.

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