Récemment, la marque de vêtements haut de gamme a été frappée par une liquidation judiciaire, laissant planer le doute sur son avenir près de Dieppe. Après avoir misé sur la qualité locale et un atelier installé dans la région, cette aventure industrielle fait face à une conjoncture difficile, où la demande évolue et les coûts se révèlent trop lourds pour tenir le cap.
Une marque de vêtements haut de gamme misait sur la relocalisation pour garantir la fiabilité
Lancée en 2018 à Rouen, selon actu.fr, la marque Maison Décalé reposait initialement sur une fabrication à l’étranger. Toutefois, les créateurs ont rapatrié leur atelier à Luneray en Seine-Maritime, où quatre couturières expérimentées assuraient la découpe et la couture locale. Ils ont ainsi misé sur une démarche totale 100 % Made in France.
Auparavant, la production se déroulait en Chine puis en Tunisie, où seuls des volumes modestes justifiaient cette chaîne. En 2021, les fondateurs Caroline Chedrey et François Puech d’Alissac ont ajusté leur stratégie pour renforcer la transparence. La proximité géographique avec l’atelier de leur maison mère, Somatico, a facilité le suivi.
Malgré ces efforts, la marque a été placée en liquidation judiciaire le 1er juillet 2025. Le Bodacc précise que la maison mère était en cessation de paiement depuis le 7 mai. Cette décision a mis en lumière les tensions financières, même après une relocalisation perçue comme un atout particulièrement majeur.
Une marque de vêtements technique a conquis amateurs de plein air et de polo
Spécialisée dans les parkas, les vestes et les trenchs, la maison se distinguait par des coupes techniques et un savoir-faire pointu. Chaque pièce mobilisait des tissus robustes et des fibres nobles pour résister aux conditions exigeantes. Cette approche ciblait autant les citadins actifs que les amoureux des randonnées rafraîchissantes.
La marque habillait notamment le Deauville International Polo Club, ainsi que les clubs élitistes de Paris et de Chantilly. Cet engagement offrait une vitrine prestigieuse, renforçant sa réputation. Les collaborations exclusives mettaient en valeur l’adaptation de chaque vêtement, promettant authenticité, élégance et fonctionnalité aux pratiquants comme au grand public.
Fort de ses premiers succès, un point de vente local a ouvert rue Saint-Romain à Rouen en 2018. Le concept suscitait un vif intérêt, et une implantation à Deauville avait même été envisagée. Cependant, la boutique a baissé son rideau en 2020, marquant le début d’un recul commercial profondément inquiétant.
Des dettes colossales ont mis l’entreprise en péril imminent
La marque de vêtements a accumulé un passif supérieur à 2,7 millions d’euros, sans trésorerie disponible. Elle n’a pas réglé les salaires pour près de 33 000 €, et doit 1 263 898,97 € à ses fournisseurs. À cela s’ajoutent 1 393 730,01 € dus à l’administration fiscale. Le contexte de la crise du textile a amplifié ces tensions.
Selon Paris Normandie, Somatico souffrait déjà d’un déficit financier significatif avant cette liquidation. La maison mère affichait un passif chargé et des retards de paiement particulièrement lourds envers l’administration fiscale et les fournisseurs. Ces obstacles ont exacerbé les pertes, malgré une expertise initiale auprès de l’armée et des sapeurs‑pompiers.
Cette situation faisait écho à la fermeture de plusieurs boutiques proches de Dieppe. Le tribunal de commerce de Rouen a souligné l’effet ravageur de la crise du textile sur ce secteur. Face à ces fermetures et à une concurrence accrue, l’avenir s’obscurcit pour les entreprises locales, même celles les mieux positionnées.
Un avenir incertain pour le secteur textile normand
Les récents développements témoignent d’une mutation profonde dans la filière textile régionale. Malgré l’atout de la production locale, les coûts et la concurrence viennent fragiliser même les acteurs les plus résilients. Les dettes accumulées et la baisse de la demande jettent une ombre sur l’avenir industriel. Les professionnels et les passionnés vont désormais observer attentivement les évolutions, en espérant un renouveau durable.