Le bras de fer s’intensifie : la censure partielle de la Loi Duplomb par le Conseil constitutionnel ravive une fracture entre protection de l’environnement et survie des exploitations. Au Centre-Val de Loire, l’acétamipride, arme contre les pucerons porteurs de jaunisse, reste interdit. Les syndicats s’opposent, des millions de citoyens s’engagent, et la filière sucre redoute une nouvelle fragilité. Le débat sort des champs et gagne la table.
Décision des Sages et portée immédiate de la Loi Duplomb
Le jeudi 7 août, le Conseil constitutionnel a censuré l’article qui devait rouvrir l’accès à l’acétamipride. Selon franceinfo.fr, les Sages invoquent la Charte de l’environnement, qui impose de préserver et d’améliorer l’environnement. La molécule relève des néonicotinoïdes, qualifiés de tueurs d’abeilles.
Le lendemain, vendredi 8 août, la colère monte. Alexandre Pelé, patron de la CGB Centre-Val de Loire, affiliée à la FNSEA, parle d’une « vraie déception » et cible « 2 millions de personnes » ayant signé la pétition. Il leur demande « d’assumer la disparition d’une production locale ». La Coordination rurale oppose « 400 000 agriculteurs » aux pétitionnaires.
Dans les parcelles, la jaunisse progresse. Chez les moins touchés, « 10 % » des surfaces sont atteintes, certaines montent à « 100 % ». Les alternatives sont jugées faibles. Une seule pulvérisation est autorisée alors que « trois ou quatre » seraient nécessaires. La censure de la Loi Duplomb durcit la donne.
Betteraves, compétitivité et risques à court terme avec la Loi Duplomb
Au Centre-Val de Loire, les betteraviers utilisent l’acétamipride contre les pucerons vecteurs de jaunisse, car pression peut ruiner un champ. Les témoignages évoquent des foyers, parfois une propagation éclair. Le cadre réglementaire limite les pulvérisations à une seule, alors que la maîtrise du risque exigerait trois ou quatre passages.
Selon Alexandre Pelé, l’objectif n’était pas un retour massif, plutôt une option de secours en cas de coup dur. Les sélectionneurs avancent ; des variétés résistantes arrivent « dans 1, 2, 3 ans ». La Loi Duplomb devait servir de passerelle, le temps d’éviter des fermetures et de sécuriser les usines sucrières.
Le chef de file betteravier dénonce un désarmement compétitif : la substance resterait homologuée ailleurs en Europe, pas en France. Dans le Loiret et en Eure-et-Loir, on craint une baisse de volumes. Moins de sucre signifie plus d’importations, parfois issues de molécules prohibées ici, ce qui nourrit une injustice.
Mobilisation, règles d’importation et bataille politique à venir
À l’opposé, la Confédération paysanne salue une victoire « au nom de la santé et du principe de précaution » et visait une censure totale. David Grassin affirme que, imparfaites, les solutions actuelles « apportent une réponse ». Des betteraviers bio « s’en sortent », ce qui interroge l’intérêt d’un retour d’une substance jugée nocive.
La compétitivité, souvent invoquée, ne tiendrait pas à une molécule ; beaucoup d’agriculteurs restent en déficit depuis des années. La Conf’ propose un cahier des charges import : mêmes normes de production, coût du travail, coût environnemental. Les produits non conformes subiraient des pénalités pour tirer le secteur vers le mieux.
Le député MoDem Marc Fesneau invite à consommer du sucre français. Alexandre Pelé y voit un levier, notamment après les manifestations de janvier 2024. Le sénateur Laurent Duplomb promet de revenir avec un nouveau texte ; la Loi Duplomb reste un combat ouvert.
Ce que dit ce bras de fer sur nos choix collectifs
Le dossier dépasse un simple pesticide : il met à nu notre manière d’arbitrer entre rendement, biodiversité et souveraineté alimentaire. La Loi Duplomb sert de révélateur, car la filière betterave attend des variétés plus solides, tandis que la société réclame des garde-fous clairs. Les prochains mois joueront sur deux scènes, les champs et la consommation, où chacun influe. Le débat public restera vif.