À Saint-Tropez, certains lieux traversent le temps sans jamais perdre leur éclat. Celui dont il est ici question en faisait partie : une adresse emblématique où se mêlaient élégance naturelle et convivialité rare. Derrière cette atmosphère unique, un homme, figure solaire de la presqu’île, avait su créer un art de vivre singulier, devenu au fil des années un symbole incontournable du littoral tropézien.
Sous les canisses, une âme de Saint-Tropez qui reliait les mondes
Paris Match a annoncé sa disparition à 77 ans. Enfant du pays, il dépassait le rôle de restaurateur et incarnait un style, selon purepeople.com. Le Parisien dressait le portrait d’un hôte solaire. Présence calme, humour fin, accueil vrai. Il imposait une élégance simple et durable.
Il répétait que son travail ressemblait à un jeu. Cette formule résumait une méthode simple et précise. Il servait, écoutait, relançait, puis s’effaçait. Le rythme suivait la lumière, pas les effets. Chaque geste restait pensé, sans pose. L’accueil gardait grâce et naturel. La salle suivait, sereine, comme portée par la mer.
Sous les canisses, les mondes se parlaient sans protocole. Des pêcheurs aux cinéastes, chacun trouvait sa place. Il offrait une table et un tempo, puis laissait les liens naître. Cette voix de Saint-Tropez tenait au regard, précis et bienveillant. On sortait léger, parce que tout semblait à la bonne mesure.
Club 55, héritage familial et esprit d’amitié à Saint-Tropez
Propriétaire du mythique Club 55, posé sur la plage de Pampelonne, à Ramatuelle. Il recevait des célébrités depuis plus de cinquante ans. Brigitte Bardot, Marion Cotillard, Bono ou Barack Obama s’asseyaient aux tables en bois. La lumière de midi adoucissait tout, tandis que le décor restait simple et clair.
Cette ligne venait de ses parents, Bernard et Geneviève. Ils ont fondé le lieu après Et Dieu… créa la femme, en 1955. Leur maxime guidait : le client n’est pas le roi, parce qu’il est un ami. Dans la baie de Saint-Tropez, cette règle fixait une élégance sans pose.
Il posait la conversation, puis laissait le moment respirer. Les échanges restaient simples, même lorsque la salle mêlait décideurs et artistes. Le service suivait une cadence douce, jamais pressée. Cette manière donnait du relief aux liens. Ici, chacun s’asseyait à égalité, car l’amitié passait avant la mise en scène.
Nature, mémoire des lieux et art d’accueillir authentique
Il protégeait la terre autant que la mémoire des lieux. Au château Saint-Exupéry, à La Môle, et au domaine Les Bouis, il avançait avec cohérence. Maraîchage, oliveraie, vin biologique structuraient l’action. Il aimait rappeler une idée simple: on travaille avec la nature, pas contre elle, jamais au hasard.
Proche de Pierre Rabhi, pionnier de l’agroécologie, il partageait une vision exigeante et humaine. Il rappelait en début de saison que la gentillesse n’est pas ringarde. Sur le sable de Saint-Tropez, la règle tenait en peu de mots. La célébrité s’efface, l’amitié demeure, et le service reste juste.
Les anecdotes foisonnaient. John Kerry refaisait le monde, Marion Cotillard parlait climat, Bono glissait un trait d’humour. Le midi, la nappe claire et la salade de saison suffisaient. Rosé frais, sable blond, tables en bois faisaient le reste. On quittait les lieux légers, parce que le temps semblait suspendu.
Une élégance sobre qui trace encore la voie commune
Son héritage tient dans des gestes simples, pas dans le bruit. Les sourires des équipes prolongent la leçon, tout comme l’attention portée aux détails. Sur le sable de Pampelonne, l’esprit demeure, fidèle au cap. À Saint-Tropez, cette manière continue d’influencer les maisons voisines. Elle rappelle que la simplicité, quand elle est vraie, fait date. Le lieu garde l’âme, parce qu’un regard savait unir service et amitié.