Elle a réglé son réveil avant l’aube, puis elle a pris la route sans hésiter. Une passion l’a poussée à parcourir la moitié du pays afin de mettre la main sur des lettres longtemps oubliées. Au cœur de cette quête, la figure de « Jean Jaurès » trace un fil tenu entre mémoire privée et débat public, tandis qu’une salle de vente attend, bruissante d’enchères et de promesses.
Des lots rares de « Jean Jaurès » surgissent d’un grenier
Au marteau, le commissaire-priseur Pierre-Guillaume Klein sourit. Il lance : « Ouvrez les vieilles boîtes, fouillez, même quand c’est écrit “linge” ». Selon letelegramme.fr, il rappelle l’origine du trésor trouvé près de Saint-Malo. Dans une boîte en bois oubliée au grenier, dormaient des feuillets signés Jean Jaurès. Un expert a confirmé leur authenticité.
La vente s’est tenue lundi 6 octobre chez Ouest Enchères, route de Lorient, entre Rennes et Vezin-le-Coquet. Le commissaire-priseur explique présenter pour la première fois des œuvres politiques. Il souligne des documents historiques où Jaurès, tel un avocat, avance avec rigueur juridique des indices nouveaux. Ces éléments ont contribué à innocenter Dreyfus.
Fait après fait, le plaidoyer recompose une bataille judiciaire. Les feuillets éclairent un moment où la presse et la justice se répondent. La salle écoute, car ces pages dialoguent avec le présent. Cette portée explique l’attente, alors que les enchères vont raconter leur histoire.
Enchères connectées autour de Jean Jaurès et de l’affaire Dreyfus
Au téléphone, sur le site Interenchères, ainsi qu’en liaison avec Drouot, les offres s’enchaînent. Une trentaine de lots sont disputés, chacun regroupant lettres manuscrites et cartes signées. La main de Jean Jaurès s’y lit en marge ou en pleine page, tandis que les acheteurs résistent, puis relancent.
Mise à prix, 2 000 euros. Le lot le plus cher s’adjuge à 2 900 euros. Il comprend vingt-cinq feuillets où Jaurès plaide la réhabilitation du capitaine Dreyfus. Ces lignes paraissent en 1899 dans La Petite République. Il en devient ensuite codirecteur. Deux autres lots partent à 2 700 euros et 2 300 euros.
Les canaux numériques et la salle orchestrent un même tempo, car l’enjeu dépasse la curiosité. Chaque adjudication révèle une archive qui rejoint l’histoire, alors que les enchérisseurs mesurent la portée civique de ces pages. À travers ces ventes, la parole manuscrite gagne un nouvel auditoire, précis et attentif.
Une passion tenace et un trajet sans pause
Dans la salle, Nathalie Moine vient de Seine-et-Marne. Elle s’est levée à 4 h 30 pour être à l’heure. Puis, elle a conduit quatre heures trente jusqu’à Rennes. Elle a pris une petite crêpe à midi, puis s’est installée face au pupitre.
Elle dit aimer ses valeurs humanistes depuis le lycée, depuis la lecture de « J’accuse » de Zola. La journée comptera neuf heures de route aller-retour, car l’envie pèse plus que la fatigue. Elle veut repartir avec une trace tangible, puis la garder, comme on garde un lien vivant.
Elle achète des petites cartes, afin d’avoir au moins sa signature. Le geste est simple, mais il dit une mémoire qui persiste. À Rennes, la capitale bretonne a jugé l’affaire Dreyfus à la fin du XIXe siècle. Ce rappel éclaire son attachement à Jean Jaurès aujourd’hui.
Ce voyage révèle la force d’une mémoire partagée
Ces feuillets quittent le grenier pour la lumière, puis changent de mains sans quitter l’histoire. Ils disent l’attention d’un pays pour un combat qui demeure lisible. Parce que la voix de Jean Jaurès traverse les décennies, l’enchère devient une scène civique. La route, la salle, et l’encre composent un même récit patient. Le marteau scande le présent et les archives relient intime et débat public.