L’été 2025 a fait basculer le marché européen du bœuf. Les importations de viande ont bondi alors que l’accord UE-Mercosur n’est pas encore appliqué. Les volumes venus d’Amérique du Sud se sont envolés et pèsent désormais très lourd dans le panier européen. La poussée s’explique par une offre locale en repli, des besoins stables, et des contingents tarifaires déjà ouverts qui servent d’accélérateur.
Les raisons d’un été record pour les importations de viande
En juillet 2025, l’Union européenne a acheté un peu plus de 47 500 téc depuis les pays tiers, soit 15 000 tonnes de plus qu’en juillet 2024, une hausse de 46,2%, affirme bfmtv.com. Les pays du Mercosur ont assuré près de 33 600 téc, soit 14 800 tonnes supplémentaires, ce qui représente un bond de 78,9% sur un an.
Le poids du Mercosur a grimpé à 70,7% des achats extra-UE, contre 57,7% un an plus tôt. La tendance se voit aussi dans la durée : 55,6% en juillet 2019, 42,9% en juillet 2016. Les volumes atteints en juillet 2025 constituent le plus haut niveau mensuel en quinze ans. Ils dépassent largement les 24 149 tonnes d’avril 2019 signalées par Eurostat.
Par pays, la dynamique est spectaculaire. L’Uruguay progresse de 73,4% et dépasse 10 000 téc. L’Argentine gagne 46,9% et franchit aussi ce seuil. Le Brésil s’envole de 132,3%, tandis que le Paraguay avance de 67,8%. Ces arrivées confirment un mouvement installé.
Pression sur l’offre européenne et accélération des flux, importations de viande incluses
La production européenne de bœuf recule de 3,2% au premier semestre 2025, à 3,142 millions de tonnes, soit 103 000 tonnes de moins qu’en 2024. La consommation tient en Allemagne, alors qu’elle baisse légèrement en Italie et en France, note l’Idele. Les États membres comblent le manque par davantage d’achats hors UE en début d’été.
Sur la période janvier-juillet 2025, les volumes importés augmentent de 20,5% par rapport à 2024. La trajectoire actuelle pourrait pousser le total annuel au-delà de 230 000 tonnes. Le signal venu du Brésil reste fort en août : les douanes y recensent 13 600 tonnes expédiées vers l’UE, en hausse de 45%.
La progression ne naît pas d’un vide réglementaire. Elle s’appuie sur des voies existantes, utilisées de façon plus intense, tandis que l’accord à venir promet un cadre plus large et plus lisible pour les opérateurs.
Quotas, droits de douane et trajectoire longue du marché européen
Les contingents « Hilton » ouvrent déjà l’accès à 58 400 tonnes à 20% de droits : 38 206 pour l’Argentine, 11 636 pour le Brésil, 7 288 pour l’Uruguay, 1 300 pour le Paraguay. Un autre quota, créé en 2009, offre 58 500 tonnes de « haute qualité » à 0% : 45 500 pour les États-Unis, 13 000 partagés entre Argentine, Uruguay, Nouvelle-Zélande et Australie.
L’accord UE-Mercosur prévoit un nouveau quota de 99 000 tonnes à 7,5% étalé sur six ans et la baisse à 0% des droits sur les 58 400 tonnes « Hilton ». Au total, environ 157 000 tonnes bénéficieront d’un droit maximal de 7,5%, en plus des 13 000 tonnes partagées avec l’Océanie. À comparer aux 194 000 tonnes expédiées par le Mercosur vers l’UE en 2024.
Dans les années 2000, les arrivées sud-américaines ont flambé : en 2006, elles étaient deux fois supérieures à 2024 et couvraient 80-90% des achats extra-UE. Le choc de 2008 a suivi, avec le SISBOV brésilien de traçabilité. La reprise s’observe depuis le milieu des années 2010. En 2024, la production européenne se concentre : France 19,7%, Allemagne 15,3%, Espagne 10,9%, Italie 10,0%, Pologne 9,7%, Irlande 9,2%, soit les trois quarts.
Ce que cette vague sud-américaine dit du marché européen
Avant l’entrée en vigueur du traité, la demande européenne s’appuie sur des canaux existants qui montent en puissance, importations de viande comprises. La combinaison d’une offre locale plus courte, de besoins tenaces et de quotas attractifs favorise les expéditeurs du Mercosur. Sauf retournement, la dynamique annuelle devrait rester soutenue, avec un accord appelé à redistribuer les cartes.