Lecornu veut absolument faire payer les malades

Un cap budgétaire assumé qui rebat les règles de prise en charge et de solidarité

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Sous couvert de rigueur budgétaire, Lecornu amorce un virage délicat pour la santé publique. Derrière les promesses d’équilibre, les arbitrages se resserrent autour des patients et des soignants. Les signaux sont clairs : la politique de redressement s’installe, quitte à grincer là où la solidarité devrait primer. Et dans ce jeu d’équilibre, chacun pressent déjà qui paiera l’addition.

Pourquoi Lecornu vise l’avantage fiscal des patients ALD

Aujourd’hui, les personnes en affection de longue durée déduisent de leur revenu imposable les indemnités journalières perçues en arrêt maladie, affirme lessentieldeleco.fr. Cette règle tient compte de soins lourds et réguliers, donc de revenus fragilisés. La fin de cet avantage toucherait d’abord les malades chroniques, car leur arrêt dure souvent. L’effet serait immédiat sur leur impôt, tandis que leurs dépenses ne baissent pas.

L’Inspection générale des finances propose la suppression au nom de la « lisibilité et de l’équité ». Le gain espéré atteint 700 millions d’euros pour les caisses publiques. Autour de Lecornu, l’argument budgétaire prime, car la marge fiscale se réduit. Les patients longue durée deviennent alors une cible commode, puisque l’outil existe déjà et s’applique sans réforme complexe.

Concrètement, des foyers modestes paieraient plus d’impôt, malgré une santé précaire. Le signal paraît rude, car la maladie n’attend pas. Les associations y voient un mauvais calibrage, tandis que des praticiens alertent sur l’adhésion aux traitements. La mesure se veut simple, mais son coût social risque d’être durable, donc difficile à corriger ensuite.

Lecornu veut alourdir les franchises au quotidien

Les franchises médicales augmenteraient à 2 € la consultation, 1 € la boîte de médicaments, 8 € l’aller-retour en transport sanitaire. Ces montants sont payés directement par chacun. Les complémentaires ne remboursent pas ces sommes, car la règle l’interdit. Le plafond annuel, censé protéger les plus exposés, pourrait aussi monter, ce qui élargit l’impact réel.

Cette piste, déjà évoquée, avait suscité un tollé chez des associations et des soignants. Le gouvernement vise désormais 2 milliards d’économies, ce qui structure le débat. Les malades aux soins rapprochés paieront plus souvent, car chaque acte compte. Une hausse du plafond renforce la note finale, tandis que le pouvoir d’achat reste sous tension.

Dans ce cadre, les services de Lecornu privilégient un signal rapide et lisible. L’outil existe, il s’applique à chaque passage, donc il modifie les comportements. Les ménages comptent leurs soins, les pharmaciens expliquent, les médecins adaptent. Le risque d’un renoncement discret augmente, car les petits montants s’additionnent, puis pèsent sur les suivis.

Hôpital, médicaments et objectifs budgétaires sous pression

L’hôpital public subira aussi des économies dès 2026, mais le détail manque. Une hausse du forfait hospitalier est évoquée, donc un surcoût par jour d’hospitalisation. Les complémentaires paieraient d’abord, puis les cotisations grimperaient. Les patients ressentiraient la facture plus tard, à travers des contrats plus chers, tandis que l’accès aux soins se tend.

Le gouvernement poursuivra la baisse administrative des prix des médicaments imposée aux laboratoires. Ce levier limite la dépense de remboursement et cadre la trajectoire. Cependant, des tensions apparaissent déjà sur certains traitements innovants. Les industriels arbitrent leurs mises sur le marché, tandis que des patients attendent, et que des soignants craignent des ruptures.

Au total, l’exécutif vise 7 milliards d’économies en 2026. La progression des dépenses serait contenue à 1,6 % contre 3,4 % cette année. Le déficit de la Sécurité sociale frôle 22 milliards, dont 16 milliards pour la branche maladie. Pour Lecornu, la trajectoire impose de serrer la vis, mais le choix des cibles reste décisif.

Qui supportera vraiment l’effort demandé au système de santé

Le plan cherche des marges rapides, mais il déplace des coûts vers les malades et vers les contrats. Les chiffres convainquent au ministère, tandis que la vie des patients se complique. Lecornu assume le cap, pourtant l’équité se mesure au lit du malade. Reste à prouver que l’effort sera partagé, clair, et soutenable dans la durée.

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