Le récit s’ouvre sur une enfance qui cherche son point d’équilibre. Au fil des souvenirs, Ismaël Khelifa dévoile la tendresse, mais aussi les failles. Le cadre paraît simple, la réalité bascule et blesse sans prévenir. Entre pays, codes sociaux et regards, il apprend la nuance et la distance. Ce fil rouge intime éclaire la force d’un parcours public.
Comment Ismaël Khelifa dit sa double appartenance
À l’écran, le présentateur gagne en notoriété en 2019, précise tvmag.lefigaro.fr. Il reprend « Échappées belles » sur France 5 après le départ de Raphaël de Casabianca. Invité de Frédéric Lopez dans « Un dimanche à la campagne », il raconte. Son enfance mêle fierté tranquille et inquiétudes discrètes. Sans pathos, il va droit au cœur du sujet.
Fils d’un père algérien et d’une mère haut-savoyarde, il grandit dans un petit village près d’Annecy. Les étés se passent souvent en Algérie, chez la famille paternelle. Là, Ismaël Khelifa tisse des liens, apprend les codes, garde une curiosité vive, car l’ailleurs nourrit l’enfance et la relie.
À 46 ans, il pose les mots avec calme. Aux côtés de la chanteuse Julie Zenatti et de l’humoriste Raphaël Mezrahi, il choisit la clarté plutôt que le spectaculaire. Le studio sert d’écrin, tandis que la mémoire, précise et pudique, remet chaque scène à sa juste place.
Ce que révèle Ismaël Khelifa sur la fracture vécue
Un jour, tout bascule près d’Alger. La famille revient d’une plage, dans la 504 noire du cousin, sièges en skaï marron. Sa mère est devant, le cousin conduit, la sœur et lui sont à l’arrière. Le décor semble banal, pourtant la peur se glisse dans l’habitacle. Ismaël Khelifa s’en souvient précisément.
Dans la rue, l’islamisme monte, car les tensions gagnent. Leur voiture se retrouve coincée entre une marée blanche d’hommes barbus et un cordon de policiers. Un homme, barbe énorme, regard injecté de sang, plaque un policier sur le capot. Il sort un grand couteau. Le geste part, net. L’assassinat se déroule sous ses yeux.
Sa mère ordonne de baisser la tête, la panique gronde, pourtant la voiture repart. Après, elle murmure : « je pense que l’Algérie, c’est fini pour au moins vingt ans ». Le temps confirmera son intuition : la coupure durera trente ans, et laissera une trace durable.
Une décision parentale, entre peur et protection
Son père obtient la nationalité française. En Algérie, la grand-mère lui demande alors de ne plus venir, car sa présence la mettrait en danger. Le lien se rompt. Les années passent, la distance devient la règle, même si l’attachement demeure, discret, fidèle, comme un fil qu’on garde.
En France, dans le village des grands-parents, on les voit autrement. « Enfants de l’arabe », entend-il parfois, et on lui demande s’il porte un couteau. La phrase marque, car elle résume un soupçon qui colle. Là, Ismaël Khelifa comprend que l’intégration avance, mais qu’un doute persiste.
À douze ans, ses parents lui demandent de changer l’ordre des prénoms. Ismaël passe en second, Michel en premier, et cette mention figure sur la carte d’identité. Le geste naît de la confiance, car ils veulent le protéger. Pourtant, il ressent soudain qu’il n’a plus le droit d’être lui.
Ce témoignage éclaire une enfance marquée et résiliente
Rien n’efface le choc, mais l’apaisement gagne, parce que la parole circule. Le cadre télévisé amplifie ce partage sans gommer la complexité. En disant la peur, la fierté et la protection, Ismaël Khelifa rappelle qu’un prénom ou une nationalité peuvent peser. Et que la dignité, elle, tient bon. Ce message, doux et ferme, parle à tous ceux qui doutent. Il répare sans effacer l’épreuve.