La demande s’installe parce que les entreprises veulent des preuves avant d’agir. Les détectives privés suivent cols blancs et cadres. Ils documentent des congés douteux sans enfreindre la loi. Les contrôles montent, la pression financière grandit, et la Sécu cherche des économies. Le contexte budgétaire durcit les positions des directions et des RH. La prudence guide les décisions, car la preuve doit rester incontestable.
Pourquoi les détectives privés deviennent des partenaires pour les entreprises ?
Détective depuis 1994, Fabrice Lehmann suit un salarié malade depuis juin. Selon bfmtv.com, l’homme quitte la banlieue, prend le train, travaille sur un ordinateur. Dans le métro, un stratagème le fait disparaître. Dans les services financiers, ces scènes se multiplient. Les longues absences bousculent les équipes et pèsent sur la trésorerie.
Reuters a interrogé cinq professionnels et confirme l’essor des commandes liées aux arrêts. Plusieurs détectives privés délaissent l’adultère pour ces dossiers. Baptiste Pannaud dit que ses contrats ont plus que doublé en quatre ans. La tendance paraît durable. Employeurs, assureurs et RH exigent des preuves solides et opposables.
Les motifs varient, mais l’enjeu financier domine. Certains travaillent pour un concurrent pendant l’arrêt, d’autres créent leur société. Patrice Le Bec dit avoir vu des malades partir à l’aéroport juste après l’avis d’arrêt. Les entreprises mandatent un cabinet. Le risque juridique demeure, et la preuve doit être nette.
Quand les détectives privés suivent l’argent et révèlent les écarts
La Cnam mesure +27,9% d’indemnités journalières entre 2019 et 2023. Soixante pour cent viennent de la démographie et des salaires, Smic inclus. Le reste vient d’arrêts plus nombreux et plus longs. Les contrôles sont renforcés depuis 2022. En 2024, 42 millions d’euros évités, contre 17 millions l’année précédente.
Les règles coûtent et protègent. Le plafond d’indemnité journalière atteint 41,47 euros, jusqu’à trois ans. Les employeurs complètent une large part du salaire. Selon les branches, ils prennent aussi les trois jours de carence. Ces choix créent des arbitrages et mobilisent parfois des détectives privés.
Les comparaisons éclairent. En 2024, l’Allemagne affiche 14,8 jours d’arrêt en moyenne, sans détail sectoriel. En France, l’IGF décompte 14,5 jours par agent en 2022 dans la fonction publique, contre 11,7 dans le privé. L’écart s’explique par un seul jour de carence chez les fonctionnaires, dit d’ordre public.
Données, controverses et management pour une réalité nuancée
En juillet, François Bayrou a affirmé que la moitié des arrêts de plus de dix-huit mois étaient injustifiés, sans précisions. Il juge cela intenable en période de tension budgétaire. Le sujet crispe, car il mêle santé, loyauté et Sécu. Il réclame des garde-fous plus lisibles.
Bruno Boivin dénonce des promesses sans sanction. Dans un réseau public, 30% du service étaient en arrêt. Des flagrants délits ont été prouvés, aucune sanction n’a suivi, le client a cessé. Un absent depuis dix ans renouvelait la voiture de fonction, disent ses équipes de détectives privés.
Depuis le Covid, l’absentéisme grimpe. Baromètre Mercer: 5,8% en 2024 contre 4,8% en 2021. Trente et un pour cent des salariés ont manqué au moins une journée l’an dernier. Jean-Claude Delgènes critique un management vertical, jugé oppressif. Sabrina Ali Benali évoque un fantasme de fraude généralisée, malgré des demandes.
Que retenir de cette chasse aux faux arrêts maladie
Le recours aux enquêtes progresse avec la pression budgétaire, les arbitrages sociaux et un cadre perçu comme inégal. Les chiffres éclairent, les témoignages divisent, et les pratiques évoluent avec prudence. Les détectives privés resteront sollicités, car chaque dossier engage confiance, preuves et droit. Les réponses dépendront de contrôles effectifs, de sanctions claires et d’un management plus humain.