« Je voulais sauter du balcon » : l’inquiétante explosion des cas d’intoxication chez les acheteurs de produits au CBD

Les signes d’un produit trafiqué et les bons réflexes pour éviter une intoxication grave

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Un malaise grandissant s’installe derrière des vitrines rassurantes. Des consommateurs croient acheter une aide douce et légale, pourtant les effets dérapent. Le CBD est parfois mêlé à des molécules cachées, vendues sans avertissement clair. Les signaux s’additionnent, entre appels au secours, saisies des douanes et alertes médicales. Les autorités réagissent, cependant l’ingéniosité des trafiquants avance plus vite que les contrôles.

Symptômes, risques, et dérives du CBD trafiqué

Selon tf1info.fr, Camille achète chez sa buraliste une herbe présentée comme plus forte que du CBD ordinaire. Après quelques bouffées, son corps devient lourd. Elle vacille, ses yeux se ferment, les tremblements montent, la nausée l’emporte. La paranoïa gagne. Elle veut sauter du balcon pour que tout cesse. Un ami la rassure jusqu’à l’accalmie.

Plus tard, elle apprend que l’herbe contenait du PINAKA, un cannabinoïde de synthèse interdit. Rien ne l’indiquait sur l’emballage, ni au comptoir. Le centre antipoison de Nouvelle-Aquitaine reçoit une quinzaine de cas par mois, avec des tableaux similaires. Surtout des jeunes adultes, non toxicomanes, venus chercher détente ou soulagement.

Certains finissent hospitalisés plusieurs jours. Le risque dépend de la dose, de l’âge et des antécédents. Ces molécules peuvent tuer, alerte la toxicologue Magalie Labadie. Des gérants de boutiques affirment avoir été trompés par leur fournisseur. Ils avaient remarqué une puissance inhabituelle, sans connaître l’agent ajouté.

Chaînes d’approvisionnement et contrôle du CBD en France

Des industriels profitent d’un flou sur l’affichage de la composition. Pour renforcer l’effet, ou créer l’addiction, ils ajoutent des cannabinoïdes de synthèse sans le dire. La substance, souvent en spray, est pulvérisée sur des fleurs bon marché. On la rencontre aussi en huile ou en poudre, puis vendue librement.

Depuis fin mai, les douanes ont saisi 247 kilos de CBD plus forts, mais illégaux. Les prises partent au laboratoire pour analyse. À Massy, Jessica Masson montre un pic de MDMB-4en-PINACA, classé stupéfiant. Chaque mois, de nouveaux composés apparaissent et sont vite classés. D’autres surgissent aussitôt pour contourner la loi.

Résultat, des stupéfiants circulent sous des apparences légales. Les fleurs bon marché deviennent de faux produits bien-être. Le consommateur n’a aucun moyen simple de vérifier la composition. Les mentions restent floues, et la responsabilité se dilue. Les contrôles suivent, cependant le terrain innove plus vite que les textes.

Alerte santé publique et responsabilités des acteurs

Le circuit fonctionne parfaitement. Des précurseurs chimiques arrivent de Chine ou d’Inde, puis des laboratoires clandestins les transforment en Europe. Les autorités ont démantelé l’un d’eux l’an dernier en France. Pour Corinne Cléostrate, ces trafics exigent logistique, ingénieurs chimistes et capitaux. Ce ne sont pas de petites équipes de quartier.

En mai, après de nombreux signalements en Occitanie, les autorités judiciaires ont mis en examen un grossiste français de CBD pour trafic. Des commerçants spécialisés disent que ce grossiste les a trompés. Ils assurent avoir reçu des lots plus puissants que d’ordinaire, sans mention explicite. La chaîne de responsabilité s’étire, de l’importateur au point de vente.

Le toxicologue Olivier Phan alerte sur un risque supérieur au cannabis classique. Mémoire atteinte, motivation réduite, quotient intellectuel diminué. Une exposition prolongée pourrait favoriser une schizophrénie. Olivia Doppelt-Azeroual conseille de douter d’un effet euphorisant brutal. Depuis 2023, quatorze molécules ont été interdites, sans endiguer l’inventivité des créateurs.

Repères clairs pour acheter sans danger et rester vigilant

Face à ces dérives, prudence active. Exiger une composition claire, éviter les fleurs pulvérisées, privilégier les circuits spécialisés, et signaler tout effet anormal. Au moindre doute, consulter. Le CBD naturel n’entraîne pas d’euphorie brutale; un emballement doit alerter. Les chiffres, les saisies et les mises en examen le rappellent : l’information protège.

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