Signal fort pour le commerce mondial, Pékin choisit un tournant attendu et stratégique. La Chine se dit prête à renoncer aux facilités accordées aux pays en développement. L’enjeu dépasse la technique, car il touche la crédibilité des règles communes. Entre calcul d’influence et recherche d’équilibre, ce geste promet des effets politiques, tandis que l’impact économique immédiat reste contenu. Le message vise aussi la réforme de l’OMC.
Pourquoi la Chine renonce à ce traitement particulier ?
Selon bfmtv.com, l’OMC accorde un traitement spécial et différencié aux pays en développement. Ce cadre offre plus de temps pour appliquer les engagements, ainsi que des marges de flexibilité. Les États peuvent aussi autoriser davantage de subventions, tandis que des préférences tarifaires facilitent l’accès à certains marchés clés. Le tout structure l’équilibre des négociations multilatérales.
Chaque membre se déclare lui-même pays en développement, selon sa situation. En 2019, le Brésil s’est dit prêt à renoncer à ces facilités, sous la pression américaine. L’annonce récente, relayée par Xinhua, cite Li Qiang en marge de l’Assemblée générale de l’ONU à New York. La date tombe un mardi, 23 septembre.
Washington et l’Union européenne réclamaient ce geste depuis des années. Le pays renonce aux avantages sans abandonner formellement le titre de pays en développement. La Chine veut peser davantage au sein de l’OMC. Les négociations sur les droits de douane avec Washington restent sensibles.
Ce que change réellement la fin des avantages
La directrice générale de l’OMC, Ngozi Okonjo-Iweala, salue la portée du signal. Son message insiste sur la réforme en cours et la crédibilité du système. Le cap adopté nourrit l’idée d’un multilatéralisme revivifié, tandis que la gouvernance commerciale doit composer avec des tensions politiques durables.
Sur le plan économique, la perte reste limitée, selon Antoine Comont, Université Laval. Pour la Chine, la plupart des préférences tarifaires étaient déjà fermées en Europe, au Canada et aux États-Unis. Les gains liés aux délais de conformité et aux plafonds de subventions se réduisaient aussi.
Le signal reste donc surtout politique et procédural. Les acteurs attendent des clarifications sur l’usage des périodes de transition et sur le calibrage des engagements. Les incidences concrètes dépendront des contentieux et des négociations sectorielles, car les chaînes de valeur réagissent lentement aux ajustements réglementaires.
Image, influence et place de la Chine dans l’OMC
Alicia Garcia Herrero, Natixis, lit une stratégie d’image et d’influence. Pékin cherche à se placer au centre d’une institution conçue par Washington, tandis que celui-ci durcit son protectionnisme. L’initiative veut donc occuper l’espace laissé libre, alors que les partenaires réclament stabilité et règles applicables. La scène multilatérale offre un levier réputationnel puissant.
Le mouvement ne gomme pas tout, car des tensions subsistent. Les restrictions à l’exportation de terres rares continuent, tandis que des subventions massives soutiennent des secteurs industriels prioritaires. Ces choix peuvent heurter l’esprit des règles, et ils nourrissent des critiques sur la cohérence du cadre domestique.
La Chine capitalise toutefois sur un récit d’humilité responsable. Le pays endosse un rôle de porte-voix du Sud, alors que les réformes de l’organe d’appel traînent. Ce calcul peut renforcer son poids dans des discussions tarifaires avec Washington, mais il engage aussi des obligations de transparence.
Ce choix redéfinit un rapport de force au commerce mondial
Geste surtout symbolique, le renoncement envoie un message clair de responsabilité partagée. La Chine gagne en crédibilité procédurale, tandis que l’effet économique immédiat demeure faible. L’équation reste politique, car la réforme de l’OMC avance lentement et les tensions commerciales perdurent. La suite dépendra des contentieux, des concessions tarifaires possibles et d’une application loyale des règles par l’ensemble des grands acteurs.