Le stratagème frappe par son audace autant que par sa méthode. Des patrons ont profité d’un savoir technique pour alléger leur facture, avec l’appui d’un professionnel rompu aux compteurs. Leur consommation électrique a chuté artificiellement, sans lien avec l’activité réelle. Cette affaire révèle des tensions économiques. Elle pose une question claire : jusqu’où certains vont-ils quand la facture grimpe et que les règles s’appliquent à tous ?
Une consommation électrique anormalement basse qui alerte Enedis
Selon ladepeche.fr, Enedis relève des factures trop légères dans plusieurs sociétés toulousaines. Les montants ne collent pas aux usages d’un restaurant, d’une salle de sport et de boulangeries. Les écarts s’installent, alors les contrôles se resserrent. Les regards se tournent vers d’éventuelles manipulations de compteurs Linky, une pratique connue, mais réservée à des mains sûres.
La division de la criminalité territoriale reprend les dossiers, période par période. Les mêmes anomalies reviennent. Un ancien employé d’EDF apparaît au centre des échanges. Il connaît le matériel, sait contourner les seuils et lire les relevés. Des indices financiers laissent entrevoir des versements en espèces.
Tôt mardi matin, la brigade financière intervient et interpelle trois responsables. Ils sont conduits au commissariat central de Toulouse. Les auditions débutent et confrontent les relevés aux faits. Le schéma se précise. Le niveau mesuré de consommation électrique semble avoir été abaissé pour masquer l’activité réelle et réduire la facture.
Des gains liés à la consommation électrique faussée et au cash
En garde à vue, l’homme de 45 ans reconnaît des “arrangements” sur les compteurs. Il détaille des gestes précis et des interventions ciblées. Les économies obtenues donnaient lieu à une gratification en liquide. La méthode repose sur la discrétion, puis sur une connaissance fine des seuils et des relevés.
Le procédé fonctionne d’abord dans une seule entreprise. Il s’étend ensuite à des sociétés amies du premier client. Les profils cités renvoient à la restauration, au sport et à des boulangeries. Chacun évoque des charges élevées et un contexte tendu, tandis que les échanges restent informels.
Les premières estimations chiffrent l’ampleur des gains. Le mécanisme aurait fait baisser de 75 % la consommation électrique affichée. L’économie globale atteindrait environ 50 000 euros. L’argent économisé n’efface rien, puisque les montants devront être remboursés à Enedis et retracés pièce par pièce. Les comptages seront revus, puis recalculés sur la base des usages.
Enquête, gardes à vue et suites judiciaires à Toulouse
Mardi, les trois responsables passent la journée en garde à vue. Leurs versions convergent. Ils confirment des contacts répétés avec l’intervenant et admettent des gestes ciblés. La mesure est levée en fin d’après-midi. Un rendez-vous avec un délégué du procureur leur est notifié pour la suite.
Le technicien présumé est rattrapé par la procédure. Présenté ce mercredi au parquet, il s’engage dans un “plaider coupable”. La reconnaissance préalable de culpabilité fixe un cadre clair. La peine se négocie, tandis que les faits restent établis. Les vérifications se poursuivent pour consolider les montants et dater chaque intervention.
Au-delà de cet épisode, le cadre légal demeure. Les compteurs, Linky compris, relèvent d’un système surveillé et traçable. Les dérives finissent par remonter, parce que les séries de mesures s’additionnent. Les acteurs économiques connaissent ce principe, surtout quand la consommation électrique est trafiquée.
Ce que cette affaire dit des dérives énergétiques
L’épisode rappelle qu’une économie rapide finit par coûter plus cher. Les entreprises gagnent à revoir leurs usages, investir, puis renégocier leurs contrats. La consommation électrique doit rester le reflet fidèle de l’activité, car le réseau repose sur la confiance. Lorsqu’elle est faussée, le risque judiciaire grandit et la relation avec le fournisseur se dégrade.