Les téléphones racontent mieux que des discours, car ils tracent des gestes concrets. Au procès, la cour d’assises du Tarn écoute des chiffres, des horaires et des bornes. À Cagnac-les-Mines, ces signaux dessinent une trame précise. Le nom de Cédric Jubillar y apparaît au fil des faits, avec des angles qui interrogent, sans effets de manche. Les données de téléphonie promettent une lecture serrée et des explications techniques utiles.
Ce que la téléphonie met en lumière dans l’affaire Jubillar
Jeudi 25 septembre, à Albi, un analyste criminel détaille la téléphonie devant la cour d’assises du Tarn. Selon liberation.fr, Arnaud B. expose des événements réseau, des cellules et des bornes. Il rappelle le clonage de la carte SIM de Delphine. Cette opération explique l’apparition « en ligne » sur Messenger, le 9 février 2021, précisément.
Le 9 février, collègues s’agitent. L’icône verte s’allume, et les messages affluent. À 22 h 35, il envoie un émoji bisou. Puis surgissent « Tu es Là ??? », « Tu es connecter… », « C’est quoi ce délire », « Non mais halo… ». Il contacte ensuite la gendarmerie, inquiet et pressé.
Les vérifications replacent cet épisode. Les enquêteurs, qui ont cloné la SIM, sont à l’origine de la présence en ligne. Le contexte reste technique, mais la trace est claire. Elle ne dit pas tout, elle cadre bien l’échange. C’est déjà un jalon de l’affaire Jubillar, et non une preuve isolée.
Chronologie du couple et tensions autour de Cédric Jubillar
Le soir des faits, 1 400 téléphones bornent à Cagnac-les-Mines. Les gendarmes utilisent Analyst’s Notebook. Deux cents numéros extérieurs sont isolés d’abord puis écartés. Chacun a une raison légitime d’être là. Les soupçons se recentrent vite sur l’entourage. L’outil éclaire des zones sans confondre, car un mobile n’est pas une personne.
Les facturations sur un an montrent des habitudes. En 2020, le lien se défait. En janvier, échanges tendres, avec « bisous » et « je t’aime ». Au printemps, le ton de Delphine se refroidit. Elle s’inscrit sur un site de rencontre. En août, elle contacte un amant. « Divorce » apparaît.
À l’automne, Delphine Jubillar devient cassante, et le repousse. Cédric Jubillar fait des efforts, tandis que les soupçons d’adultère enflent. Les disputes se multiplient. Le 15 décembre à 22 h 55, elle envoie à son amant « Je t’embrasse ». Me Emmanuelle Franck rappelle qu’un téléphone ne résume pas une personne.
Une nuit passée au crible des usages numériques
La nuit de la disparition, le portable de l’époux reste inactif de 22 h 08 à 3 h 53. Ce silence est rare, deux ou trois fois l’an. Réveillé avant 4 heures, il appelle quatre fois. Vingt minutes plus tard, il prévient la gendarmerie. Entre-temps, Cédric Jubillar utilise le téléphone.
Les avocats s’étonnent d’une navigation sur Leboncoin alors qu’il dit chercher. Me Laurent De Caunes souligne cette contradiction. Le podomètre du portable compte 46 pas entre 3 et 4 heures. Selon lui, cela réduit un périmètre de recherche. L’activité paraît minime, tandis que l’inquiétude grandit. Cette tension nourrit la lecture.
De 3 h 53 à 8 h 12, il passe 184 appels vers le portable de Delphine. Le téléphone borne près du domicile jusqu’à 7 h 48, puis se tait. Éteint ou déchargé, rien ne tranche. À 6 h 52, quelqu’un le déverrouille. L’expert ajoute qu’on peut déverrouiller tout en appelant.
Ce que ces traces disent sans clore le dossier aujourd’hui
Les données révèlent des habitudes, des écarts et des contradictions. Elles éclairent un récit factuel, sans résoudre toutes les inconnues. La technique explique des surprises, comme Messenger, tandis que d’autres zones résistent. La défense rappelle ses limites. La cour devra jauger la portée de ces signaux, et situer Cédric Jubillar dans ce cadre, avec prudence et méthode. Les faits restent et l’audience tranchera leur valeur.