Zhang Zhan refuse de se taire malgré la répression. Avocate radiée, elle a filmé Wuhan pour témoigner des faits que beaucoup taisent. Son obstination a entraîné détention, grèves de la faim et nouvelles poursuites. Son courage a attiré l’attention d’ONG et de médias étrangers. Et son cas interroge la place du témoignage face au contrôle de l’information.
À Pudong, la témoin du Covid face à la justice
Le procès de Shanghai s’est tenu un vendredi à Pudong, affirme lemonde.fr. Police en civil et en uniforme encadraient la cour dès l’aube. Huit diplomates occidentaux et deux médias étrangers ont tenté d’entrer. Les agents ont vérifié cartes et papiers et ont refusé l’accès à la plupart.
L’acte d’accusation la désigne comme récidiviste du « crime de provocation aux troubles à l’ordre public ». Le dossier ne mentionne aucune circonstance atténuante. Ces chefs visent à consolider une condamnation préalable. La procédure manque de clarté et suscite des questions internationales.
Sa santé reste fragile après des grèves de la faim. Elle a été nourrie de force au centre pénitentiaire. Amnesty International et Reporters sans frontières l’ont documenté. En tant que témoin du Covid, elle maintient son récit.
Témoignages et images d’une témoin du Covid
Début 2020, Zhang Zhan prend un train pour Wuhan. Elle y filme le confinement et la détresse. Ses 122 vidéos amateurs montrent couloirs d’hôpitaux saturés et crématoriums en activité. Elle filme un mort dans la rue. Originaire du Shaanxi, elle avait rejoint Shanghai en 2010 et quitté la finance pour le droit.
Elle rend hommage au docteur Li Wenliang et interpelle l’étranger sur la gestion locale. Ces images circulent via des contournements de la censure. Le 13 mai 2020, une vidéo la montre devant la gare centrale, dénonçant intimidation et menace. Son travail choque les autorités.
Arrêtée ensuite, elle est jugée et condamnée en décembre 2020 à quatre ans. Les ONG décrivent des violences et un nourrissage forcé en détention. Comme témoin du Covid, elle a porté une parole documentée et subversive.
Résilience, soutien civil et conséquences pour les droits
Libérée en mai 2024 après avoir purgé sa peine, Zhang reste sous étroite surveillance. Elle refuse toutefois de céder au silence. En juillet 2024, elle ouvre un nouveau compte YouTube accessible via des contournements de la censure. Sa famille témoigne des pressions.
Elle y évoque harcèlement et pressions contre d’autres activistes. Elle traverse le pays pour aider des familles à obtenir un avocat. Ces gestes attirent à la fois soutien et répression, selon les observateurs et organisations internationales. Les ONG constatent une stratégie de dissuasion visant à isoler les voix critiques.
Arrêtée en août 2024, elle passe une année en détention provisoire avant d’être rejugée. RSF rappelle son refus de se taire, même en sachant qu’elle pourrait en mourir. Des soutiens la qualifient de patriote compatissante et courageuse.
Pour la mémoire et la liberté d’expression, connaître son parcours
Son histoire oblige à questionner la transparence et le droit de témoigner. Témoigner coûte cher dans un régime qui contrôle l’information. Conserver la mémoire de ces récits aide à protéger la parole future et à soutenir les familles touchées. Le monde a le devoir d’écouter et de préserver ces voix et à défendre les principes élémentaires de la liberté d’expression.