Alors que le secteur du textile appelle l’État à l’aide pour freiner Shein, la marque française Pimkie sera bientôt accessible sur l’application chinoise décriée

Shein s’allie à Pimkie tandis que l’Europe resserre l’étau sur la mode ultra-éphémère

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La surprise est de taille. Le signal paraît puissant et immédiat. Shein s’allie à Pimkie, alors que le débat s’enflamme dans le textile. L’accord promet une vitrine mondiale et des moyens industriels. Les critiques, déjà vives, se renforcent et structurent la riposte. Les acteurs historiques scrutent l’emploi, le commerce et la concurrence. La ligne entre modèle établi et plate-forme accélérée semble bouger.

Un partenariat qui rebat les cartes du textile

Shein annonce, ce mardi 16 septembre, un partenariat avec Pimkie, affirme bfmtv.com. Les collections seront proposées dans le monde entier via sa plate-forme. Le deal inclut des services sur-mesure. La logistique, la production à la demande et la gestion des commandes sont mutualisées. L’accès aux acheteuses s’élargit pour tout l’écosystème textile. Les délais se raccourcissent et les tendances sont suivies en temps réel.

Le groupe chinois veut prouver qu’il coopère avec des modèles dits traditionnels. Selon l’application Joko, c’est l’enseigne où les Français ont le plus dépensé en 2024. Elle devance Vinted. Cette dynamique renforce sa stratégie d’ancrage sur les marchés français et européens.

Entre 2023 et 2024, Joko mesure une hausse de 58 % des ventes en valeur pour Shein. Sur la même période, Temu progresse de 178 %. Ces trajectoires bousculent les circuits établis. Les marques revoient l’accès, les prix et les cycles de mise en marché.

Pressions réglementaires et débat européen sur le textile

La montée des plates-formes ravive les critiques. Plusieurs fédérations européennes du secteur et de l’habillement réclament des mesures d’urgence. La cible vise la mode ultra-éphémère. L’objectif est de limiter des déchets vestimentaires jugés sans précédent et d’alléger la pression sur les entreprises du champ textile. Les signataires veulent des réponses rapides et coordonnées.

Elles demandent à l’Union européenne de renforcer les barrières douanières. Elles veulent aussi accélérer les enquêtes en cours visant ces plates-formes. La semaine dernière, sur BFM Business, les industriels ont réclamé des gestes forts de l’État. Ils veulent freiner l’ascension du géant chinois.

Pour Olivier Ducatillion, président de l’Union des Industries Textiles, tout le commerce français se retrouve menacé. Assemblée et Sénat ont voté un texte pour freiner l’ultra-éphémère. La commission mixte paritaire doit encore se prononcer. Le calendrier législatif reste décisif pour la suite.

Pimkie entre survie commerciale et virage numérique

Pimkie a traversé des années difficiles, jusqu’à une procédure de sauvegarde. Seules 6 % de ses ventes proviennent du canal en ligne. L’enseigne espère augmenter son chiffre d’affaires grâce à la plate-forme de Shein. La promesse vise la visibilité, les volumes et la place dans la chaîne textile. La priorité porte aussi sur la qualité perçue et la constance de l’offre.

Depuis 2023, deux plans de sauvegarde de l’emploi prévoient la fermeture d’environ cent magasins. Ils annoncent aussi la suppression de près de cinq cents postes. Le modèle reste sous tension. Les arbitrages portent sur les coûts fixes, les baux et les formats de boutique.

Fin juillet 2024, l’enseigne comptait encore 1 303 salariés et 154 magasins affiliés, selon le tribunal de commerce de Lille. La cible demeure une clientèle féminine jeune. Le partenariat promet des services mutualisés et une production mieux cadencée.

Ce rapprochement éclaire les limites d’un modèle bousculé

L’alliance ouvre des débouchés rapides et relance des questions sensibles. Entre concurrence, emplois et règles, chacun veut peser sur la suite. Dans ce contexte, le textile devient un marqueur politique et économique. Pimkie et Shein testent une cohabitation risquée, aux gains incertains. Pendant ce temps, les réponses publiques se précisent, et les marchés attendent des preuves concrètes. Le calendrier politique pèsera aussi.

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