Une grande mécanique dit plus qu’une fiche technique. Elle dépasse les chiffres et parle au désir. Alors que la sobriété s’impose, une marque choisit un cap singulier. Elle assume la passion malgré le courant contraire. Sans bruit inutile, Mercedes affirme une trajectoire fidèle à son héritage. Objectif: préserver une âme mécanique que beaucoup jugent perdue ailleurs. Un choix assumé aujourd’hui.
Pourquoi Mercedes défend encore un moteur d’exception
Hier encore, l’acheteur d’une grande routière jugeait la noblesse mécanique autant que le cuir ou le silence. Les françaises de prestige couronnaient leurs gammes par des V6, comme Citroën C6, Peugeot 607 et Renault Vel Satis. Outre-Rhin, Audi et BMW visaient douze cylindres, symboles d’aisance, d’allonge et de luxe.
Volkswagen osa des voies audacieuses. La Passat familiale reçut un W8, tandis que Phaeton et Touareg accueillirent un V10 diesel. La parenté technique alla jusqu’au W12. On le voyait sous le capot de l’Audi A8. La lignée Bentley Continental suivait, preuve d’une démesure maîtrisée, hautement valorisée hier.
Ce paysage s’estompe. La demande s’est réduite à une niche minuscule, capable d’assumer coûts, poids et contraintes exigeantes. L’image demeure, mais les volumes n’y sont plus. Dans ce contexte mouvant, Mercedes garde une place singulière. La marque estime que certaines références disent davantage qu’un chiffre et méritent d’exister encore, vraiment.
Une espèce rare entre normes, malus et downsizing
La tendance va à des cylindrées plus petites, aidées par la suralimentation, afin de contenir consommation et émissions. Les règles serrent la vis et l’homologation devient plus stricte. Le groupe Volkswagen a rangé le W12, y compris chez Bentley. BMW a arrêté le V12 M760i sur l’actuelle Série 7 récente.
Chez Mercedes, le dernier V12 se loge dans la Maybach S680. Il ne figure plus au catalogue d’une Classe S classique. L’empreinte officielle indique 305 g de CO₂ par kilomètre et un malus de 70 000 € en France. La Classe S retient des six cylindres micro-hybrides ou hybrides rechargeables.
La famille sportive conserve un V8 biturbo en AMG, mais l’équation globale change. Les normes poussent vers des architectures électrifiées et des calibrages plus sobres. Le cadre impose des arbitrages rapides, sous peine d’amendes ou d’incompatibilités. Les attentes clients restent diverses, parfois contradictoires, selon les régions et les usages.
Où Mercedes peut encore faire vivre son V12
Le dirigeant Markus Schäfer l’a rappelé au salon de Munich. Le V12 peut subsister, sous conditions claires. En Europe, il devra probablement s’associer à une hybridation. Objectif: respecter les seuils visés par la future norme Euro 7. Elle est annoncée pour la fin de l’année prochaine, avec des exigences renforcées.
Ailleurs, la carte diffère. Les États-Unis, l’Asie et le Moyen-Orient montrent encore un appétit pour ces mécaniques d’exception. Dans ces zones, moins dissuasives politiquement, la configuration pourrait se passer d’assistance. La clientèle recherche un couple immédiat, une onctuosité unique et une signature sonore incomparable.
La stratégie sportive récente a suscité des débats. La C63 équipée d’un quatre cylindres associé à un moteur électrique a reçu un accueil mitigé. Un ajustement au restylage circule. Dans ce contexte, Mercedes réaffirme une vision. Tenir son rang en performances thermiques, tout en déployant l’électrification lorsqu’elle élève réellement l’expérience.
Ce choix façonne une image fidèle aux passionnés
En 2025, ce pari ne vise pas des volumes immenses. Il défend une idée vraiment claire. Préserver un savoir-faire rare nourrit l’aura d’un emblème. Cela valorise la fidélité des clients passionnés. Dans un marché bousculé, Mercedes choisit la nuance. Respecter la règle, écouter les attentes, et conserver une mécanique d’exception. Inspirer longtemps, sans renier le progrès utile pour demain.