Fulgurant et déroutant à la fois, l’ouvrage dont tout le monde parle impose un rythme que d’autres peinent à suivre. Ici, on érige un pont qui bouscule les repères, là-bas on débat, on planifie, on reporte. Le contraste intrigue, questionne la méthode, la vitesse, les choix. Reste un fait simple, celui d’un record s’annonce, et il rebat les cartes du chantier moderne.
Un pont record qui tutoie les sommets
Dans la province du Guizhou, le canyon de Huajiang accueille un pont suspendu. Selon linternaute.com, il culmine à 625 mètres et s’étire sur près de trois kilomètres. Entre deux montagnes, l’ouvrage franchit la rivière et pose un tablier audacieux au-dessus du vide. Les pylônes dominent le relief et ancrent des câbles géants.
Sa silhouette rivalise avec nos repères. La hauteur équivaut à près de deux fois celle de la tour Eiffel ou du viaduc de Millau. Il pèse 22 000 tonnes. Fin août, un convoi de 96 camions a validé sa tenue sous charge, selon la BBC.
Une ouverture à la circulation prévue pour fin septembre. L’ouvrage deviendra alors le plus haut de sa catégorie au monde. La Chine détient déjà le record du plus long avec le Danyang-Kunshan, long de 164 kilomètres. Le pays s’impose comme un terrain d’expériences d’infrastructures hors norme.
Un pont pensé pour gagner du temps et attirer
Pour les automobilistes, la traversée entre les deux versants prendra environ 90 secondes. Avant, il fallait près d’une heure, d’après le Telegraph. Ce tracé direct, rendu possible par le pont, fluidifie les échanges, réduit les détours et reconnecte des zones enclavées. Le gain de temps obtenu redéfinit la mobilité locale.
Le site sera scénographié comme une destination à part entière. Des ascenseurs vitrés offriront un point de vue vertical saisissant. Une passerelle dédiée au saut à l’élastique, annoncée comme la plus haute, complètera l’offre. Le parapente ajoutera une expérience aérienne spectaculaire.
L’ambition dépasse la prouesse : attirer des visiteurs, dynamiser les services, donner des débouchés aux producteurs locaux. Le budget, proche de 250 millions d’euros, formalise un tourisme capable d’amorcer une nouvelle économie. Le projet conjugue utilité et vitrine touristique.
Un calendrier fulgurant, puis la comparaison française
Lancé en janvier 2022, le chantier aura pris moins de quatre ans. Un rythme que Mamdouh El-Badry, professeur à l’Université de Calgary, situe au-delà des standards. Ailleurs, il faut souvent cinq à dix ans du lancement à la mise en service. Les facteurs clés restent l’environnement, la politique et la logistique.
La presse chinoise attribue ce tempo à un logiciel de conception de pointe et à l’usage de drones. En contrepoint, en Val-de-Marne, un pont de 78,28 m au-dessus de l’A86 doit ouvrir le passage au tramway T1. Il mènera vers son terminus prolongé à Val-de-Fontenay. La séquence de chantier est très cadrée.
Près de cinq ans sont programmés : 2025-fin 2026 pour le tablier, puis 2027 pour la plateforme du tramway. La fin est repoussée à 2030. Les contraintes administratives et financières pèsent lourdement sur les délais français. Là-bas, les oppositions sont souvent contournées, ici elles ralentissent la cadence.
Ce chantier éclaire deux façons de bâtir aujourd’hui
De cette prouesse émergent deux visions de l’infrastructure. Accélérer en assumant la décision, ou temporiser pour arbitrer, débattre, sécuriser chaque étape. Le pont qui s’apprête à ouvrir promet un gain de temps massif et un levier touristique. Le projet francilien matérialise d’autres priorités. Au final, l’usage décidera de la pertinence des choix.