François Cluzet, ses mots très durs sur Vincent Lindon : “Je n’ai pas un nombril prisonnier dans…”

Un face-à-face tendu sur l’ego, la notoriété, le métier d’acteur, et la ligne rouge qui protège le jeu

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Un choc de tempéraments anime le cinéma français. Sans détour, François Cluzet assume une parole franche, loin des poses et des excuses. Il revendique un métier d’acteur qui cherche l’humain, pas le miroir. Il parle du rapport à l’âge, du narcissisme qui ronge les carrières, et d’une exigence simple : rester digne, même quand la lumière aveugle.

« François Cluzet recadre le culte de l’image à la radio »

Jeudi 28 août, invité de La Grande Matinale de France Inter, il présente Fils de, long-métrage réalisé par l’ex-journaliste politique espagnol Carlos Abascal Peiro. La séquence bascule quand un extrait de Vincent Lindon évoque le temps qui passe. Il dit ne plus supporter son visage, ses cheveux, la vieillesse, et décrit un supplice face aux caméras.

À l’antenne, Sonia Devillers lui demande sa réaction. L’époux de Narjiss Slaoui-Falcoz tranche : « Je chasse l’ego ». Il se dit aux antipodes de l’égocentrisme et refuse « un nombril englué dans l’ignorance et la prétention ». Le passage, repéré par TV Magazine, éclaire une ligne : parler sobrement, agir sans s’écouter parler. François Cluzet place la simplicité au-dessus du paraître.

Il ajoute : « J’ai été élevé comme ça. J’ai le souci d’être pareil que les autres. On est tous des mammifères. » La formule, brève, refuse le piédestal. Elle ramène le métier à sa base : servir une histoire. À ses yeux, l’obsession de soi menace le travail. Il s’en tient aux faits, pas au mythe.

Quand l’acteur fustige l’égocentrisme qui abîme des carrières

Il élargit le propos : ceux qui « dévisse[nt] » deviennent stars trop jeunes, puis se perdent. Certains finissent amoureux d’eux-mêmes, au point de se rêver président de la République. Cette dérive fait peur, dit-il, car elle éloigne du public et du plateau. Le narcissisme fracture la confiance d’équipe.

Son image de « revolver de la douleur » vise ce discours qui appuie trop fort sur la plainte. Il l’entend chez Vincent Lindon, mais aussi chez d’autres. La plainte répétée vide les rôles de leur substance. L’acteur, rappelle-t-il, s’efface pour le personnage. Quand l’ego parle trop, la scène agonise.

Dans ce cadre, le débat sur l’âge demande pudeur et mesure. Le métier expose les visages et les failles. Pourtant, tenir suppose de regarder autrement le miroir. L’exigence reste la même : exactitude, écoute, partenaires. La notoriété n’excuse rien. Le public attend un jeu juste, pas une confession permanente.

« François Cluzet » face à Luchini : talent, salles pleines, et limites

Plus tôt, le 5 février dans Culture Médias sur Europe 1, il étrille la « prétention hors normes » de Fabrice Luchini. Il reconnaît cependant un fait têtu : il remplit les salles, et c’est une chance pour les théâtres. L’admiration du succès n’annule pas la critique de la posture sur scène.

Il glisse, ironique : « Moi, je sais le texte par cœur, je ne le lis pas ». Il ne dit pas que c’est mieux, mais marque une différence de méthode. Le partenaire, pour lui, se gagne au travail, pas au verbe seul. Seul, on ne fait rien. Le plateau réclame deux souffles, pas un soliste.

Il pousse encore : un bon duo respire. Quand l’un s’envole, l’autre suit. Faute de quoi, certains partent « terrassés ». Le théâtre n’est pas une lecture publique, c’est un échange vivant. Ici, François Cluzet fixe son cap : rigueur, humilité, et vérité de jeu, loin des effets et des poses.

Tenir la route, refuser l’ego, et remettre l’œuvre au centre

Rester au sol, garder la tête froide, voilà sa règle. Il assume des mots durs quand l’ego grignote le travail. Il défend l’équipe contre le spectacle de soi. Dans cette boussole, François Cluzet rappelle une évidence utile : un acteur sert, écoute, ajuste. La célébrité passe ; le jeu vrai, lui, demeure.

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