12 chasseurs F-35 pour plus d’un milliard d’euros : le Royaume-Uni s’apprête-t-il à enfreindre le traité de non-prolifération nucléaire ?

Un achat majeur ravive la tension entre dissuasion, obligations du TNP et contrôle démocratique exigé

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Un contrat militaire relance une question lourde et urgente. Le Royaume-Uni peut-il tenir ses engagements sur le TNP tout en modernisant sa force aérienne ? Le choix annoncé d’avions furtifs, dont des chasseurs F-35, attise les doutes, car la dissuasion se heurte au désarmement. Le débat divise les experts, tandis que la sécurité nationale sert d’argument central.

Pourquoi les chasseurs F-35 font vaciller l’argument du TNP ?

Selon leparisien.fr, un avis juridique commandé par la Campagne pour le désarmement nucléaire conclut à un possible manquement. Partagé vendredi par The Guardian, il vise le contrat de 12 F-35A signé par le Parti travailliste. Le montant atteint un milliard de livres, soit 1,1 milliard d’euros. Le CND demande au gouvernement de reculer.

Le cœur du raisonnement s’appuie sur l’article 6 du TNP. Les États s’y engagent à négocier de bonne foi la fin de la course aux armements nucléaires. Le texte prévoit aussi la perspective d’un traité futur sur le désarmement général et complet.

Les juristes Christine Chinkin et Louise Arimatsu, de la London School of Economics, signent l’avis. Leur analyse cible la logique du programme, et non un détail technique isolé. Selon elles, l’achat d’aéronefs, dont les chasseurs F-35, pèserait contre l’esprit de négociation exigé par le traité.

Capacités et doctrine : ce que changent les chasseurs F-35

Le choix du F-35A ne doit rien au hasard, affirment les autrices. L’appareil furtif peut emporter des armements conventionnels, mais aussi des charges nucléaires. Cette polyvalence renforce la flexibilité opérationnelle, tandis que l’interopérabilité avec les alliés de l’OTAN facilite l’intégration. Elle alimente aussi les critiques sur la cohérence affichée avec le TNP.

L’avis souligne un basculement symbolique. En équipant ces avions, le Royaume-Uni réacquerrait un rôle nucléaire pour la première fois depuis 1998. Une telle évolution, présentée comme de la dissuasion, s’inscrirait néanmoins dans une dynamique contraire au désarmement. Les signataires y voient une rupture avec l’esprit du traité.

Au-delà de la plateforme, la doctrine compte, car elle guide l’emploi. Lorsque des chasseurs F-35 deviennent porteurs potentiels, l’architecture stratégique se reconfigure, y compris la planification et l’entraînement. L’argument budgétaire ne suffit pas, puisque l’acquisition modifie la posture nucléaire, en temps de paix comme en crise. C’est ce lien capacités-missions qui fonde l’alerte juridique.

Contrôle démocratique, réactions opposées et engagements alliés

Sophie Bolt, secrétaire générale du CND, dénonce une « nouvelle violation du droit international » et des dangers nucléaires aggravés. Elle réclame un débat parlementaire sur les intentions de Londres. Selon elle, l’achat a été annoncé sans débat ni examen. L’organisation demande que les députés examinent l’orientation exacte du programme.

Le ministère de la Défense oppose une ligne claire. L’investissement renforcerait la sécurité nationale et resterait conforme au TNP. Le Royaume-Uni affirme viser, à terme, un monde sans armes nucléaires, tout en respectant ses obligations actuelles. Le gouvernement met donc en avant la dissuasion, tandis que les critiques soulignent la contradiction perçue.

Au sommet de l’OTAN en juin, Keir Starmer assume la mission nucléaire de l’Alliance. Il a indiqué que les bombes américaines B61-12 seraient disponibles pour des appareils britanniques en cas de guerre majeure. Ce cadre allié confère aux chasseurs F-35 une place centrale dans la planification.

Ce que révèle vraiment cette controverse et ce qu’elle impose

Le dossier ne se résume pas à un achat, car il redéfinit des engagements. L’avis juridique, les inquiétudes du CND et la réponse gouvernementale exposent une tension durable. Entre dissuasion, alliances et TNP, Londres devra clarifier la doctrine et le contrôle parlementaire. Si le programme engage des chasseurs F-35, il engage surtout une vision de la sécurité et du droit.

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